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Par venezia le 25 Mars 2011 à 15:57
En voyage, je prends des photos à l'instinct, c'est en les faisant se dérouler sur l'écran ensuite que je découvre des thématiques. C'est ce qui s'est passé pour les roses.
J'ai ainsi réalisé que les roses semblaient utilisées en offrande plus qu'ailleurs en Inde, ce qui m'a étonnée. Le Gujarat a en effet un climat semi désertique peu propice à leur culture, or j'en ai vu beaucoup de fraîches, surtout dans les temples jains. Le jainisme est une religion très présente au Gujarat (1% de la population) où l'on trouve deux lieux de pélerinage très importants que nous avons visités. Je n'ai pas réussi à élucider d'où venaient ces fleurs fraîches, belles mais peu odorantes. Par ignorance des rites, j'ai failli me faire gifler (un comble chez les non-violents… ) pour avoir tenté de les sentir dans un temple. Sacrilège: leur parfum (en fait, j'ai juste eu le temps de constater qu'elles ne sentaient rien!) étant exclusivement destiné à honorer les Dieux… et non à satisfaire la curiosité d'une visiteuse…
A mon retour, j'ai cherché s'il y avait un lien particulier entre le jainisme et l'offrande de roses, mais pour l'instant, je n'ai rien trouvé de concluant. Comme je reparlerai de cette religion qui respecte particulièrement la non-violence (sauf pour les renifleuses de roses… ), je ne la détaille pas trop ici.
Une mère et sa fille, effeuilleuses de roses -destinées aux offrandes- à l'entrée du tombeau des femmes d'Ahmed Shah, fondateur d'Ahmedabad au XV° siècle… avec le portable près des pétales
Rose fraîche à l'oreille d'un saint jain (temple à Patan); les statues sont habillées et décorées chaque jour.
Patisserie de rue ornée de pétales de roses frais et de dés de fruits confits (je n'ai pas goûté… ) à Mandvi
Offrande dans un temple jain à Jamnagar
L'entrée du temple jain à Jamnagar -il y en a tout un ensemble en centre ville-. Celui ci était fascinant par son atmosphère recueillie et accueillante.
Vendeur de guirlandes de roses dans l'enceinte d'un temple à Palitana, grand lieu de pélerinage.
Nonne jain sur le chemin de Palitana (3400 marches à grimper environ… )
Avec toutes ces roses, j'ai mené l'enquète. J'ai trouvé -non sans mal- une merveilleuse boutique bio à Ahmedabad, Asal, qui propose, entre autres, des produits à base de roses bio: huile essentielle (inabordable, plus chère qu'en France); je n'ai pas eu trop de regrets car le parfum était moins complexe que celui des roses bulgares, hydrolat et sirop de rose ou huile parfumée à la rose, obtenue en diluant dans de l'huile le fond des alambics de distillation, m'a expliqué le gérant. Les roses d'Asal viennent en fait du Rajasthan voisin.
L'enseigne d'Asal, à Ahmedabad. (Cliquer sur le lien pour avoir plus d'informations. Attention, le site met un peu de temps à s'afficher)
Vue de l'intérieur de la boutique
Lien
En faisant des recherches sur le net à propos des roses gujaratis, j'ai appris qu'il y avait de nombreuses variétés de roses locales en Inde.
Voir ici sur le site de l'Indian Rose Federation la brêve et passionnante histoire des roses en Inde (en anglais)
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Par venezia le 24 Mars 2011 à 17:58
Au sud du Rajasthan, le Gujarat est un état indien merveilleux à découvrir, d'autant qu'il n'y a pas de touristes. C'est une province paradoxale: en plein boom économique, -la capitale Ahmedabad est dantesque… - mais avec de grands centres de pélerinage et un artisanat (notamment textile) très vigoureux. L'alccol y est interdit, 80% de la population est végétarienne. Même s'il semble y régner une pagaille généralisée, il est très facile de s'y débrouiller. Les gens sont adorables… et la rencontre avec une faune variée, souvent vagabonde, contribue au bonheur de s'y balader…
Ecureuil au robinet ( Ahmedabad)
Bronzette caprine sur capot (Jamnagar)
poste d'observation (Junagadh, mont Girnar)
la dignité du dromadaire (Dwarka)
… et l'indispensable Ganesh (Patan)
Namaste
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Par venezia le 29 Mars 2009 à 17:29
Je pensais en avoir terminé avec les couleurs indiennes, mais pour faire plaisir à Irène, je continue un peu… dans le vert nature.
Bénarès est une ville de pierre et d'eau plus que de feuilles. En regardant mes photos après coup, j'ai réalisé que chaque fois que j'avais vu un bout de verdure, souvent incongru, il m'avait tapé dans l'œil.
Rameaux de palmes accroché à un dai dressé pour honorer des invités lors de la puja (cérémonie) quotidienne dédiée au Gange
Temple privé
Ficus aux racines sanctifiées… il faut dire qu'elles ont du mérite…
Sarnath (à dix kilometres de Bénarès) est la ville où le Bouddha aurait commencé à précher"la voie du Milieu". L' arbre photographié, un ficus religiosus, serait un descendant (via une bouture sri lankaise… ) de celui sous lequel il aurait connu l'éveil à Bodhgaya. J'ai ramassé par terre une feuille pour en faire une teinture…et sans doute un élixir par la suite (J'avais acheté lors d'une escale à Helsinki de la vodka à 60° au cas où je rencontrerais des plantes intéressantes… )
Après l'agitation extrème des rues non pietonnes de Bénarès à la circulation apocalyptique, Sarnath est un havre de paix.
Lucknow: le décor incroyablement romantique de la Residency, vaste enclos fortifié, demeure de l'autorité coloniale (avec palais, école, église, jardins, etc. ) où furent assiégés les Anglais lors de la révolte des Cipayes en 1857. Il fut laissé en l'état… (mais il est en train d'être solidement retapé en ce moment)
Lucknow: les palmiers du Bara Imambara, magnifique mausolée XVIII°
Delhi: la très belle architecture de l'India Habitat Center, avec sa palmeraie s'épanouissant sous une toiture très aérienne
Lien sur le ficus religiosus (en français) : ici
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Par venezia le 22 Mars 2009 à 08:47
Entrée du mausolée Shah Najaf Imambara au crépuscule. Son architecture s'inspire du tombeau d'Hazrat Ali ( le beau fils de Mahomet), enterré à Najaf ("terre sacrée" des Chiites) en Irak.
Je ne vais pas décliner tout l'arc en ciel, mais à Lucknow, ville qui fut capitale de l'Avhad (ou Oudh), royaume musulman chiite de l'Inde du nord réputé pour sa culture et son raffinement, j'ai découvert de nombreux et magnifiques mausolées.
L'un d'entre eux, délabré et assez peu visité, affiche des teintes pastel vraiment exquises, contrepoint complémentaire quasi indispensable à " l'orange sadhu" .
Cour intérieure aux murs bleutés
En cherchant plus d' informations sur ce mausolée baptisé Shah Najaf Imambara, j'ai découvert que Guazi ud Din Haidar, le nabab (septième de la dynastie) enterré là au début du XIX° siècle, n'était pas tout seul. Sa dépouille y passe l'éternité en compagnie de trois de ses épouses dont l'une eut un destin singulier.
Dans le miroir, le reflet du tombeau plaqué de feuilles d'or de Mubarak Mahal.
J'ai trouvé sur internet quelques informations sur Mariam Aish, devenue Mubarak Mahal, l'épouse favorite du nabab. Fille d'un colonel anglais basé à Kanpur marié à une hindoue, elle avait fait son éducation chez les Pères Chrétiens avant de se convertir à l'islam à son mariage. Elle survecut à son époux, à sa mort demanda à quitter la ville, ce qui lui fut refusé. Mubarak Mahal serait morte en 1856, un an avant la fameuse révolte des Cipayes qui se termina par l'annexion du royaume chiite par le compagnie des Indes.
Les lustres viennent d'Europe (mais pas de Murano)
Le décor aurait parfaitement convenu au film du cinéaste bengali Satajit Ray Les joueurs d'échecs (1977), (tourné en Urdu) qui se déroule à Lucknow à l'époque des nababs.
Variations sur le bleu laiteux et le turquoise
Liens
sur Mubarak Mahal: ici
et pour les curieux erudits également , ici
Le mot avhad est passé aujourd'hui… dans le registre culinaire. On le retrouve… à toutes les sauces pour designer des plats "moghols" , surtout à base de riz et de mouton.
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Par venezia le 19 Mars 2009 à 17:19
Dès la première balade dans Bénarès, elle saute aux yeux: la couleur orange est omniprésente. Au fil des jours, on y prète moins attention mais elle est vraiment comme un fil (orange) …
… qui conduit en un parcours quasi initiatique d'une fleur à une robe de sadhu, d'un tissu à une offrande, d'un pan de mur à une écharpe.
Autel préparé pour la puja (cérémonie) quotidienne célébrée en l'honneur du Gange à la tombée de la nuit.
Pourquoi cet orange envahissant, décliné en multiples nuances? C'est la teinte de la tenue des Sadhus, ceux qui ont renoncé aux possessions matérielles et déambulent, plus ou moins vétus, -plus ou moins déguisés je dirais aussi- d'un ghat à l'autre, à la recherche de l'illumination mais aussi des appareils numériques des touristes, ravis de les photographier contre quelques roupies (bienvenues pour eux… ).
Sadhus orangés
Rousse est aussi l'abondante chevelure de Shiva, le Dieu de la ville qui retint dans ses boucles les eaux de la déesse Gange avant qu'elles ne coulent sur terre.
Méditation matinale
Et pour faire un autre lien, -si je puis dire pas trop tiré par les cheveux-, orange est également, traditionnellement, la couleur du deuxième chakra (adhisthana ou svädhishthäna) celui de la région génitale, de l'énergie sexuelle, lotus orange à six pétales dans lequel s'inscrit un croissant de lune (présent également dans la coiffure de Shiva)… et lié à l'eau.
Deux lingam fichés dans les yonis (symbole de l'union sexuelle masculin-féminin) dans leur niche orangée et parsemés de fleurs.
Oeillets d'Inde avec une bougie, lancés dans le Gange pour voguer au fil de l'eau, allumés, à la tombée de la nuit…
Liens
-(savant et en français) sur le chakra svâdhishthâna: ici
-sur les représentations de Shiva (en français, avec chromos indiens): ici
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Par venezia le 16 Mars 2009 à 15:38
Non, ce n'est pas l'Andalousie mais une rue de Varanasi, où une vache noire pose devant un mur peint en rouge en honneur de Shiva.
Bénarès (alias Varanasi) reste le paradis déambulatoire des vaches… Elles sont partout, en chair, en pierre, sur les marches des ghats (les gradins qui longent le Gange), dans l'enchevêtrement des rues étroites (les galis) de la vieille ville.
Un troupeau de buffles et bufflonnes (on peut donc goûter à Benares de la mozarella à l'indienne) déambulant sur les ghats.
Varanais est la ville de Shiva, le Dieu imprévisible qui chevauche parfois son taureau blanc, Nandi, omniprésent dans la ville. D'ailleurs, il en prend parfois l'apparence. Tout buffle blanc peut donc être une incarnation divine…
Ai-je croisé Shiva?
Petit nandi de marbre veillant sur un lingam, symbolle phallique associé à Shiva.
Entrée d'un temple dédié à Shiva (d'où le Nandi) à Ramnagar, sorte de château-forteresse dressé au bord du Gange, encore habité par un marahadjah, et situé sur la rive opposée de la ville.
Un lien sur Shiva: ici
Plein de vaches?
Du beurre à foison…vendu au poids dans une odeur crémeuse, ou déjà clarifié sous forme de ghee.
Marmite jaune… beurre
Plein de yaourts,conditionnés en mini écuelles d'argile, brisées après usage .
Yaourts préservés hygiéniquement sous vitrine, hum, ce qui n'est pas toujours le cas…
Petit lait apprécié des chiens
Plein de bouses, soigneusement recueillies, façonnées en galettes utilisées en combustible
Bref; Varanasi est une ville très meuh…
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Par venezia le 8 Mars 2008 à 21:36Un aide commence par peindre le buste et le visage du danseur
Dans le nord du Kérala, notamment dans la région de Kannur, se déroulent très régulièrement d'incroyables cérémonies hindouistes, mais d'inspiration chamanique: les teyyam. (Teyyam signifie Dieu en malayalam, la langue du Kérala). Ces fêtes encore très peu touristiques se déroulent dans des temples publics ou privés, il existe près de 400 lieux de culte. Des danseurs revétus de costumes spectaculaires et très codifiés incarnent des divinités locales (arbres, animaux, personnages) ou non et mettent en scène des récits héroïques. Par exemple, un sage sanscrit rencontre le dieu Shiva qui se présente à lui en intouchable et il ne le reconnait pas… il devra lui demander pardon. Il y a aussi l'histoire tragique d'une jeune femme qui avait douze frères. Ses belles sœurs jalouses excitèrent leurs maris jusqu'à ce qu'ils la tuent avec des deux enfants… elle fut déifiée.
Peinture à main levée à l'aide d'un brin de fibre fraîche de coco
Jupe plissée main… et sur place. En second plan, débris de fibres de coco
Un autre aide vient d'achever une jupe en fibres de coco fraîches patiemment effilées
Après des heures de préparation, où ils sont longuements maquillés et minutieusement vétus par des aides, le tout en public, les "acteurs" commencent à danser au rythme de percussions et théoriquement, entrent peu à peu en transe. Ils deviennent alors -comme dans le candomblé brésilien- le dieu lui même qui va répondre, par leur bouche, aux questions posées par les fidèles.
Dans une inversion des codes sociaux, ces hommes -souvent de basse caste- se font bénir par les brahmanes… avant de les bénir eux mêmes, puisqu'à ce moment, ils sont l'autorité divine. Un pratiquant de teyyam peut, selon les occasions, incarner des dieux différents.
Encore des serpents… nous sommes en Inde. A la main gauche, un sceptre végétal (fibres de coco)
Les cérémonies durent parfois plusieurs jours sans interruption. Celle à laquelle j'ai pu assister en était à son troisième jour. Nous sommes restés de 4 heures à 10 heures du matin, fascinés par la métamorphose progressive et profonde des danseurs du teyyam, et l'ambiance prenante mais décontractée. Il y avait plein de gosses, des couples qui venaient se faire bénir, recevoir des offrandes, poudres de couleur, riz, etc… après avoir glissé un billet, et on pouvait même s'attabler à une buvette.
Les petites lunettes d'argent sont juste trouées en leur milieu
Pour faciliter leur transformation spirituelle, les danseurs portent des petites lunettes en argent juste percées au niveau de la pupille. Ce qui m'a fascinée c'est de voir comment chaque personnage endossait peu à peu son rôle lors de sa méticuleuse et lente transformation. De nombreux éléments des costumes sont confectionnés sur place. Chaque aide intervient, si je puis dire, à main levée, que ce soit pour dessiner et peindre le corps ou le visage (théoriquement avec des pigments végétaux), confectionner une jupe en fibres fraîches de coco (matériau omniprésent), plisser un tissu en jupe, décorer des armatures de bois léger de papier ou de feuilles de métal jusqu'à en faire les plus somptueux couvre-chef. Ce qui envoute aussi, ce sont les rythmes du teyyam scandés par des tambours et un joueur de flûte: chaque divinité a les siens.
Le personnage tournoie en dansant avec une jupe coincée au niveau des épaules.
Alors que j'avais emporté comme livre de voyage un texte passionnant sur le yoga d'Eric Baret, j'ai découvert à mon retour qu'il avait aussi assisté à des teyyam… et qu'il en parlait très bien. J'indique donc le lien ici.
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Par venezia le 7 Mars 2008 à 22:06
Les lagunes et mangroves du sud du Kérala offrent des balades planantes vantées dans tous les guides touristiques. Et c'est vrai que c'est magnifique…
Une église catholique qui semble flotter sur les eaux. Il y a depuis longtemps une importante communauté chrétienne dans le Kérala.
Les cocotiers au tronc gracile sont omniprésents sur les étroites langues de terre qui quadrillent des lagunes
Un pécheur et sa femme à la rame dans leur drôle de barque de jonc en forme de panier rond. Parfois, on voyait leurs enfants qui les accompagnaient. Quelques jacinthes en arrière plan…
Les visiteurs décrivent avec lyrisme les errances en bateau le long de canaux envahis de lotus et de jacinthes d'eau aux jolies fleurettes mauves… sauf que ces jacinthes sont de terribles envahisseuses qui se prennent dans les pales des bateaux, asphyxient le milieu aquatique, attirent les moustiques.
L'un des innombravbles houseboats qui sillonnent la mangrove
L'augmentation du nombre des houseboats (près de 400 autour d'Allepey), grosses maisons bateaux louées par les touristes et qui sillonnent les backwaters n'arrange pas la situation car leur passage incessant contribue à l'étalement des nappes de jacinthes et à leur prolifération.
Une mer… de jacinthes
Selon l'hôtelier chez qui nous avons logé au bord d'un canal et que l'encombrement progressif des lagunes n'empéchait pas de dormir, la mousson ratatine régulièrement les envahisseuses car la mer qui pénètre alors plus avant dans les lagunes augmente leur salinité. Or plus de 5% de sel détruit les jacinthes. Leur croissance signale néanmoins une augmentation de la richesse des eaux en azote et en phosphates, signe de dégradation de leur qualité.
Qu'elle soit encombrée de jacinthes comme sur la photo ou non, l'eau du canal sert à tout: à se laver les dents, à faire la vaisselle, la lessive, la toilette…
Mes premiers souvenirs de balades sur les backwaters datent de 1989, et il y a presque vingt ans, les jacinthes d'eau étaient loin d'être aussi présentes…
Lien : sur la jacinthe d'eau et la dégradation du milieu qu'elle provoque, notamment en Afrique: ici
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Par venezia le 24 Février 2008 à 15:28Lors de notre premier jour à Bangalore, nous avons fait un tour au marché, gigantesque entrelac de ruelles étroites, où se croisent et se frôlent portefaix, bagnoles, commerçants affairés. C'était la fin de l'après midi, vers 17h30 peut etre plus, les boutiques commençaient à fermer et le ciel à sombrer. La bonne heure pour siroter un masala tchai, thé au lait corsé d'épices, -poivre, cardamome, cannelle, etc-, aussi délicieux que remontant quand il est bien fait. Devant un tea stall, un homme nous a interpellé. On a dit oui pour deux thés. C'est alors que nous avons assisté à une mini-scène que je ne suis pas prète d'oublier.
Le teaman devant sa marmite, un client et à droite, le caissier…
Celui qui nous avait proposé les thés, le caissier, probablement le patron, a fourni un peu de pétrole pour alimenter les fourneaux et le "teaman" s'est mis à fabriquer le meilleur masala tea que je boirais jamais. Il a d'abord vidé le récipient en fer blanc du reste de la décoction précédente, sans l'essuyer. Il a mis du lait à bouillir à grand feu, l'a laissé réduire en frottant les parois de la marmite avec le dos d'une petite casserole pour incorporer les éléments caramélisés, il a mélangé, remélangé, ajouté thé, sucre, épices en poudre, a maintenu une ébullition fracassante pendant deux minutes au moins, a goûté puis rectifié ses dosages. Il a filtré avec une chaussette, ocre de tous les thés précédents, a refroidi sa préparation en la versant d'une casserole à l'autre et l'a servie dans des gobelets de plastique… 4 roupies le verre (moins de dix centimes d'euro). Du grand art, avec rien ou presque.
Le teaman en action
Par ici la monnaie, ce n'est pas lui qui a encaissé, mais son patron… Le marché ouvre à six heures du matin, et je suis persuadée que depuis l'aurore, cet homme transpirait devant un feu d'enfer à confectionner ce merveilleux thé sans prendre de répit, sous l'œil serré de son maître;… On lui a souri, mais on le sentait si fatigué, vidé de sa substance, la peau noircie par le pétrole, qu'il n'avait plus la force de rien… sauf de concocter ce breuvage qui lui brûlait la santé au jour le jour.
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Par venezia le 23 Février 2008 à 07:00
Regards à l'indienne, après trois semaines de voyage dans le sud du pays.
Marché de Bangalore
Marché de Mysore: vendeuse d'herbes aromatiques
Enseigne à Madikéri
Regard intériorisé (temple de Somnathpur, près de Mysore)
Mondialisation oblige, Barbie est là, mais en sari…
Personnage de Teyyam, cérémonie d'inspiration chamanique
à Kannur (nord du Kérala) . Le danseur porte des mini lunettes miroir avec juste un trou pour la pupille.
14 commentaires
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