• Après avoir lu  ici, et les récits de "virées huiles essentielles" à Kannauj, je n'avais qu'une envie. Y aller à mon tour.


    Paysage à travers la vitre (sale) du train Bénarès-Kanpur

    Pas si difficile … une journée de train depuis Bénarès avec changement à Kanpur et on était sur place, logés dans un tourist bungalow situé à la sortie de la ville, essentiellement musulmane, toute en longueur, dans un alignement de maisons de brique à la splendeur écroulée.

    A Kannauj, on produit des parfums sans interruption depuis le XVI° siècle; la ville était alors une cité commerciale et prospère de l'empire moghol. Mais elle est bien plus ancienne, elle fut la capitale d'un royaume indien au VII °siècle. Aujourd'hui, il faut se balader dans ses rues déglinguées avec en tête l'idée de sa splendeur passée pour aiguiser son regard et découvrir, du haut d'une carriole attelée, des portails décolorés mais en bois sculpté ou des fenêtres de guingois toutes ouvragées… 

    L'artère principale est jalonnée de boutiques de parfum. Comme l'a souligné Trigve Harris (du blog d'Enfleurage), le souci premier de Kanauj, c'est la crise du santal. Traditionnellement on y fabrique des attars, hydro distillations de plantes (surtout à fleurs) sur un support d'huile essentielle de santal, utilisé comme fixatif de parfums volatils. Or il y a une pénurie généralisée de santal blanc. Les arbres de santal poussent très lentement, il y a eu beaucoup d'abattage sauvage et le gouvernement indien a quasiment fermé le robinet des approvisionnements officiels.

    Comme il s'agit d'une technique très particulière, les producteurs d'attars ont cherché des produits de substitution. C'est ainsi que l'huile essentielle de santal est notamment remplacée par du
    DOP (dioctyl phtalate) cancérogène  et je dirais… dix mille fois moins coûteux. J'ai posé la question dans les boutiques que j'ai visitées (c'était samedi midi, beaucoup fermaient), on m'a sorti des produits avec DOP, d'autres théoriquement sans, d'autres encore élaborés sur du santal africain …   Que croire? Trigve Harris reste très méfiante. J'ai joué la prudence, et me suis d'abord intéressée à l''huile essentielle de vétiver (bien qu'il existe aussi des attars de vétiver). Ça tombait bien, nous étions en pleine époque de sa distillation, qui se déroule essentiellement de janvier à mars.
     
    Derrière l'ouvrier, des racines de vétiver en tas, épuisées après distillation

    Bottes de vétiver frais

    Ce sont les racines qui referment les molécules odorantes. Elles sont apportées fraîchement arrachées (de l'Uttar Pradesh, du Rajastan, du Madhia Pradesh notamment); j'ai vu des ouvriers secouer patiemment la terre des brins entassés en monceaux dans des cours de plein air, montagnes beiges et parfumées.
    . Chargement du four

    La distillation à laquelle j'ai assisté - aussi rustique que celle de l'ylang ylang que j'avais contemplée à Madagascar- est baptisée "scientifique", car elle utilise un gros four moderne (celui photographié vient de Singapour), qui chauffe un récipient imposant (situé à l'intérieur, dans la pièce contigue au four), par opposition à la distillation traditionnelle en petits alambics chauffés à feu nu que j'ai pu aussi voir (j'en parlerai bientôt).

    La colonne de distillation

    En hindi, vétiver se dit khus
    . Difficile à prononcer: dire kushh en chuintant…  Quand le vétiver est distillé en alambic de cuivre (ruh), on l'appelle ruh kush. 

    J'ai demandé:
    -Que faites vous de l'eau de distillation?
    -Rien
    C'est ainsi que je suis repartie avec, en cadeau, un demi litre d'hydrolat encore tout chaud que j'ai précieusement trimballé jusqu' à Paris. 

    Si le ruh kush est employé en parfumerie, le vétiver distillé en gros entre surtout dans les compostions destinées à parfumer les chewing gum, le tabac, des mélanges digestifs, le guthka et le paan, à base de noix de bétel qui, dans toute l'Inde, se machouillent avant d'être recrachés, font saliver mais n'arrangent ni les gencives ni la bouche (taux record de cancers buccaux… ).

    Liens

    *sur Kannauj (wikipedia en anglais) ici

    *sur les attars (wikipedia en anglais): ici, mais avec des approximations sur le vétiver, dont l'huile essentielle n'est pas diluée dans une huile végétale comme il est affirmé…

    *très intéressant (en anglais): sur le DOP et le santal  à Kannauj: ici

    -Photos: MC-

     


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  • Pour les impatientes…



    Des variations visuelles sur les eaux vénitiennes…


                                                  La lagune vue d'avion


                                       Le pont provisoire sur le Grand Canal pour la fête de la Salute, le 21 novembre


    Deux fois par an, on peut profiter d'un pont supplémentaire à Venise, pour la fête du Redentore en juillet et pour celle de l'église de la Salute, située dans le quartier de Dorsoduro.



                                                             Reflet dans un canal



    Et toujours pour les impatientes…




    la recette du baume pistache-cardamome.


    Voulant tester sous différentes formes l'huile de pistache, j'ai pensé bien sûr à un baume. J'ai suivi la formule karité-coco-acide stéarique qui donne des textures suaves. Si on choisit une huile de coco odorante, prévoir de la marier avec des huiles essentielles gourmandes, sinon le résultat peut être olfactivement bizarre (par exemple l'association avec des huiles "nordiques": pin syvlestre, pruche, etc; est très difficile à harmoniser). Ou alors, il faut  prendre son mal en patience et attendre l'évolution du mélange.

    J'ai composé ce baume un peu précieux comme un parfum, car je voulais sophistiquer l'association pistache-cardamome. J'ai marié la pistache avec l'amande et le macadamia pour l'effet "fruits secs oléagineux". J'ai joué la carte des fleurs capiteuses, un peu fruitées: rose (en macécat et en HE), jasmin (en macérat), néroli (en HE), j'aime bien les notes de petit grain en contrepoint pour aiguiser la rose ou le néroli. La girofle, c'est la note de "basse "pour la cardamome. Quant au C02 matricaire, j'en mets souvent dans les baumes pour ses propriétés apaisantes.

     


                                                       Quand on sent le baume dans son pot, il sent vraiment le fruit grillé. Mais son parfum se complexifie si on l'étale.


    Baume apaisant pistache cardamome


    46g de beurre de karité

    25g d'huile de coco

    6g de beurre d'amandes

    7g d'huile de pistache

    16g d'huile macadamia

    1g macérat huileux de rose

    2g macérat huileux de jasmin

    2g acide stéarique


    5gtes vitamine E

    7gtes HE de rose thé

    10gtes HE petit grain citronnier

    2gtes HE girofle

    15gtes HE cardamome

    7gtes HE néroli

    6gtes extrait CO2 matricaire



    Je me répète,  le parfum des baumes évolue vraiment avec le temps. Si on prévoit d'en offrir pour Noël mieux vaut s'y mettre assez vite.






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  •                                                  L'automne vu du train…


     Dans le jardin breton, il y avait encore des petites roses, de la menthe sentant le chewing gum,




                                                                         des bruyères en fleur,


     un peu de lavande et même quelques mûres rougeoyantes. Ça m'a donné l'idée de préparer une teinture pour me souvenir de ce moment d'automne parfumé… 



    J'ai mis un peu de chaque dans de l'alcool de fruits à 40° et, pour renforcer l'ambiance celte, j'ai corsé la macération d'un soupçon de whisky écossais très tourbé.…


    J'ai filtré au bout de deux jours, c'est à la fois doux et un peu amer…

    Ce n'est pas une boisson à siroter… mais une note odorante à glisser dans un lait pour le corps ou dans un flacon, pour la mémoire…


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  • Pour une récente production savonnesque lié à un défi lancé par Michèle sur le blog collectif Potions et chaudron -je vous engage vivement à découvrir les merveilleuses inventions de celles qui se sont lancées dans l'aventure "biwil" ( deux huiles. Le défi: utiliser deux huiles seulement, aucun ingrédient d'origine animale, pas d'huile essentielle… ) j'ai fabriqué des teintures pour tenter de parfumer ma pâte à savon coco-sésame. Je dis: tenter car pour l'instant, le résultat reste discret, alors que les teintures sont particulièrement odorantes.J'avais déjà réalisé d'autres teintures pour de précédents savons.

    Lors de ces fabrications expérimentales, j'ai fait quelques observations qui peuvent être utiles à celles qui voudraient se lancer.

    http://mamidoo.free.fr/html/gifs/nourriture/boissons/cocktails/boiss003.gifJ'avais déjà évoqué quelques teintures alcooliques ici avec
    -de la racine de  ginseng et de l'hydrolat de rose
    -de la racine de réglisse et de l'hydrolat de mélisse
    -du lyciet, essai raté car je n'avais pas écrasé les fruits et la teinture est restée claire.

    Je fais aussi, régulièrement, de la teinture de vanille que j'utilise surtout dans les desserts (et parfois en cosméto), des teintures de fleurs (jasmin et bruyère notamment), de thym ( antiseptique), de myrrhe (pour les gencives), etc;  

    http://mamidoo.free.fr/html/gifs/nourriture/boissons/cocktails/boiss003.gifJ'ai essayé une nouvelle série, à base de résines, partant du principe, peut être hasardeux, que si la teinture de benjoin est un excellent fixatif de parfums, d'autres résines pouvaient jouer le même rôle.

    J'ai donc préparé:

    -d'abord, de la teinture de résine de mastic grec pour le biwil. Les grains de mastic sont délicieusement parfumés; ils sont vendus en Grèce pour être mâchés comme de la gomme de propolis (pour un effet haleine fraîche). 

                                                           Au premier plan, teinture de vanille, au fond, teinture de mastic au safran, toute deux utilisées pour le savon du biwil


    J'ai calculé pour avoir un support alcoolique à 90° (alcool à 96° dilué à l'hydrolat de rose) avec 5g de résine pour 50g d'alcool à 90°. Ça s'est dilué sagement en une dizaine de jours; comme il restait un résidu, j'ai touillé avec une baguette, et j'ai découvert alors que le liquide était très… résineux, donc collant à souhait; j'ai redilué à moitié avec de l'hydrolat de fleurs d'oranger et ça a précipité en un blanc très laiteux. 
    Pour augmenter le parfum, j'ai décidé d'ajouter du safran. Quand j'ai touillé pour homogénéiser au bout de quelques jours, j'ai constaté que si le liquide etait devenu d'un jaune magnifique, les filaments s'étaient agrégés en une pelote irrécupérable (je pensais incorporer le safran à la pâte à savon). …

    -une teinture avec de la résine de galbanum, trouvée dans la plus ancienne herboristerie romaine lors d'un récent voyage italien. L'HE de galbanum est une note de fond réputée dans les compositions parfumées. J'ai fait tremper un morceau (5g pour 50g de liquide) dans de l'alcool à 96°.
                                                           C'est très beau à contempler au fil des jours, le morceau s'affine peut à peu jusqu'à ressembler à  un squelette cristallin de résine


    Après filtrage, le liquide coupé avec de l'hydrolat de rose pour diminuer la concentration de moitié a précipité. J'ai obtenu un lait immaculé que j'ai essayé en vain de congeler pour voir si je pourrais ensuite l'éclaircir après re-filtrage. Mais rien n'a bougé. Le résultat est aussi très odorant.

                                                  "Lait" de galbanum


    J'ai également lancé une teinture d'encens d'Oman (grains offerts par Michèle), mais j'ai coupé de moitié avec de l'hydrolat de rose avant de mettre à macérer pour sauvegarder la limpidité de la teinture (macération à 45°)

                                                  Démarrage de la teinture d'encens, légèrement voilée


    En effet, si l'on veut garder un liquide limpide, il faut faire la dilution alcoolique avant de commencer la macération.

    Ces teintures sont très parfumées. Je les utilise à hauteur de 5% maximum dans des cremes corporelles, dans les baumes grâce à la recette de Mlk (j'ai fait récemment un baume avec une teinture de griffe de chat offerte par Chabou) et, bien sûr dans les savons, sans que, pour l'aventure savonnesque, le résultat ne soit encore à la hauteur de mes espérances.
    Je compte aussi me lancer dans des teintures pour exploiter la couleur des fleurs car Mlk m'a offert un "baume pour filles" ravissant, d'un rose très bubble gum dû à une teinture glycéro-alcoolique de fleurs d'hibiscus.

    Le choix du degré alcoolique et des concentrations: je me suis inspirée des indications qui figurent sur le catalogue de Baldwins, mais je pense, après expérimentation, qu'il faut peut être diluer plus (ou concentrer moins) pour ne pas obtenir quelque chose de trop collant, très difficile ensuite à manipuler.

    http://mamidoo.free.fr/html/gifs/nourriture/boissons/cocktails/boiss003.gif
    Lien
     
    Chez Avicenna, ici:
    la liste des teintures proposées avec degré d'alcool, concentration, mode de macération choisi.

    Ainsi, pour l'une des variétés d'encens (boswellia serrata, un encens indien utilisé pour ses propriétés anti inflammatoires) c'est une macération à froid dans de l'alcool à 90° et à 1:3 (c'est à dire une part d'encens pour 3 de liquide).

    NB: je possède vieux "manuel pratique du distillateur " ( d'Edouard Robinet, Paris, ed. Bernard Tignol, librairie de l'école centrale des arts et manufactures, sans date de publication, sans doute fin 19° siècle, voir ici) acheté il y a une quinzaine d'années dans une brocante. Dans le chapitre consacré aux teintures, les macérations alcooliques se font très souvent dans de l'alcool qui titre à 85° pour les matières dures, et à 65° pour les substances végétales plus souples (feuilles, tiges). 




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  • La recette est d'une simplicité radicale. Le seul ingrédient un peu délicat est… la patience: j'ai attendu deux ans avant de filtrer le mélange.
    Je voulais donc faire pour un amoureux du vétyver une eau mono senteur.

    Je suis partie de la recette de base de Nerys Purchon que j'utilise en général pour préparer des macérations parfumées: un mélange d'eau déminéralisée, de glycérine et d'alcool. Néanmoins, j'ai utilisé de l'alcool à 96° plutôt qu'à 40° (vodka) pour concentrer l'extraction, enfin je l'espère. Pour le reste (la dose de teinture de benjoin, dont le rôle est de fixer les senteurs) j'ai tenu compte de ce que disait Lili Oh la virtuose sur l'un des forums de cosméto (Qui sait ce qu'elle est devenue? Son blog, hélàs, n'existe plus après être resté longtemps au point mort): teinture de benjoin et huiles essentielles à parts égales.

    Parfum pur vetyver

    160 ml alcool à 96°
    8 cuillérées à café d'eau distillée
    1 cuillérée à café de glycerine végétale
    126gtes HE vétyver
    126gtes teinture de benjoin (fixatif)


    Mettre à macérer le mélange dans l'obscurité (un placard par exemple) … et oublier le flacon en prenant soin de le dater quand même.
    Quand l'odeur semble fine, sortir le flacon de sa remise et le laisser une nuit au congélateur. On appelle ça "glacer" un parfum. Ça permet de précipiter d'eventuelles impuretés. Le lendemain, filtrer sur papier. C'est presque prêt.


                                                 Le concentré de parfum vient juste d'être filtré

    Ensuite, il suffit de couper le liquide concentré avec de l'alcool à 96°, un peu d''eau déminéralisée, distillée ou même d'hydrolat selon le degré de concentration choisi. Un parfum titre environ à 80-85°, avec jusqu'à 40% de concentré parfumé. Une eau de parfum est plus légère, et une eau de toilette, plus light encore.

    Je ne l'ai pas encore dilué, mais ce concentré de pur vetyver sent merveilleusement… la racine de vetyver avec une pointe citronnée quasi évanescente, sans trace de l'odeur vanillée du benjoin. En deux ans, il a eu le temps de s'effacer discrètement.



    Le blog de Lili Oh n'existe plus. J'ai trouvé une interview où elle raconte un peu sa façon d'orchestrer ses parfums ici
    Lors du premier -et unique swap- auquel j'ai participé, j'avais reçu d'elle une eau d'orange sucrée, baptisée Sucre d'orange d'ailleurs, dont j'ai gardé sentimentalement un léger fond.

    On peut utiliser cette technique simplissime avec d'autres huiles essentielles bien sûr. Une des conditions du succès: une huile essentielle dont le parfum supporte la solitude. J'imagine volontiers un traitement semblable pour du patchouli ou de la rose.



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  •                                                    Laurier rose exubérant

    Le village de Fourni n'est pas le plus beau des îles grecques, mais quand on quitte les cafés du port en tournant le dos à la mer, la balade conduit très vite à un enchevêtrement de rues à escaliers où le parfum d'amandes  -quasi patissier- des lauriers roses (énormes cette année) s'entrelace à la suavité exquise de l'odeur du jasmin.


                                                            Bougainvillée et laurier rose

    Je devrais même dire des odeurs du jasmin. Après avoir reniflé des dizaines de plants au hasard de nos marches, nous avons remarqué que certains donnaient des notes bien plus délicates. Difficile de voler des fleurs dans les jardins, même s'ils sont nombreux et parfois à l'abandon, et même si elles dépassent des clôtures…

                                                   "Mon" jasmin en fin d'après midi

     Mais j'ai eu de la chance. Un gigantesque jasmin rampant comme un gros serpent poussait sur un toit- terrasse abandonné à l'espace public. Je suis donc allée à plusieurs reprises remplir de fleurs un mini bocal pour des essais de macération.

    Macération de jasmin à l'huile d'olive



    J'ai changé les fleurs à deux reprises (je ne suis restée que huit jours à Fourni) et j'ai laissé macérer au soleil (sans chauffage au bain marie en raison de la fragilité) avant de filtrer. Le résultat…  hum, sent plutôt l'huile d'olive (celle que j'ai trouvé sur place était odorante) … mais j'en utiliserai quand même dans mes préparations pour le corps, en le corsant avec une absolue, pour ses propriétés médicinales déjà évoquées par l'herboriste Culpepper au XVII° siècle qui parle d''huile de jasmin pour "chauffer et adoucir les nerfs et les tendons". 


    Teinture de jasmin



    Le reste des fleurs récoltées (changées aussi à deux reprises)  macère encore dans du tsipouro, alcool grec rustique  fait à partir de marc de raisin. Théoriquement, il n'est pas parfumé à l'anis, hélàs, celui que j'ai trouvé l'était un peu… J'attends donc patiemment l'évolution de ma teinture de jasmin anisée…

    J'ai découvert à mon retour, que j'aurais pu extraire aussi dans de la glycérine (mais je n'en n'avais pas emporté).

    Qu'en faire? Quand j'aurai filtré, j'essaierai notamment de préparer du
    sirop de bain au jasmin de Donna Maria.

                                            La rue principale du village, bordée de gros mûriers aux troncs chaulés

    Liens

    *Jasmin officinal (en anglais)  sur white lotus aromatics, site précieux pour ses informations olfactives (on y parle aussi d'enfleurage… ): 
    ici

    *Macération huileuse de jasmin (le site de Bluetansy sur les huiles infusées) : ici

    *Teinture et baume au jasmin
    ici (en anglais, juste pour les INCI)

    Edit
    *(Pour Patte, qui ne se souvient peut être plus du livre "le Parfum" de Süskind où cette technique était expliquée) un lien sur l'enfleurage à froid, c'est à dire le dépôt de fleurs  sur de la graisse pour capter leurs odeurs. Ce procédé, le plus à même de recueillir le  parfum des fleurs les plus fragiles -jasmin, rose-  a été employé, à Grasse notamment, puis quasiment abandonné en raison de son coût faramineux. Les matières grasses sont de merveilleux capteurs d'odeur. C'est la raison pour laquelle j'ai utilisé l'huile, et si j'avais eu le temps, en changeant les fleurs tous les deux ou trois jours, je pense qu'au bout d'un mois, je serais parvenue à mes fins. Voir donc
    ici

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  • Après avoir testé le pandanus sous toutes ses formes pour en extraire son parfum (en infusion, en décoction, etc. ), j'ai réussi à lui extirper son odeur caractéristique grâce à la réalisation de la teinture que j'avais commencé à évoquer ici.

    Arès avoir faire macérer une semaine le pandanus dans du pisco, j'ai filtré et reniflé. Trouvant qu'une odeur intéressante apparaissait, j'ai réitéré l'opération avec de nouvelles feuilles mixées que j'ai rajoutées à la macération filtrée pour une semaine de plus. Puis j'ai filtré à nouveau. Si la couleur du liquide, pâle, ne paie pas de mine, l'odeur, elle, est vraiment là (mon flacon étant moche, je n'ai pas pris de photos). Une grande surprise, si on la compare avec celle, très végétale, de la feuille de pandanus. Bien sûr, il faut aimer ce parfum un peu lourd et vite saturant, mais le sentir vous expédie aussitôt dans une patisserie  asiatique… Je pense qu'une autre fois, je tenterai la macération sur trois semaines. En tout cas, la teinture de pandanus a le parfum de l'extrait.

    J'ai cherché à l'étrenner.  J'ai imaginé, à partir d'une recette trouvée ici, à associer coco et pandanus dans une version coco-bounty.

    L'image “http://animagic5.free.fr/Gifs-vacances/cocotier-3.gif” ne peut être affichée car elle contient des erreurs.Bounty coco au pandanus

    Une petite boite lait de coco (125ml)
    100g de coco bio rapée
    30g de sucre de palme passé au mixer (j'ai rajouté 10g de sucre roux ensuite)
    3 cuillérées à soupe de teinture de pandanus (ce qui a écorné sérieusement mon capital)
    50g chocolat au lait ( du bio Valrhona)

    Immerger le coco rapé et les sucres dans le lait de coco, bien touiller. Rajouter l'extrait de pandanus; laisser gonfler au réfrigérateur  toute la nuit.
    Le matin, touiller à nouveau. Tenter de façonner des boules en les saupoudrant de poudre de coco, pas simple… Ou- nettement plus facile- tasser le mélange dans des moules en silicone et faire prendre  au congélateur. Démouler quand c'est bien froid.


    Faire fondre le chocolat au bain marie avec un soupçon d'eau, et utiliser un pinceau pour recouvrir les gâteaux coco. Remettre au froid. Sortir du congélateur cinq minutes avant de consommer. On obtient une version parfaitement crapuleuse du Bounty, avec une note de  pandanus qui n'a pas plu à certains gourmands de mon entourage. Moi, ça m'a rassurée: le pandanus était donc vraiment là…



    L'image “http://animagic5.free.fr/Gifs-vacances/cocotier-3.gif” ne peut être affichée car elle contient des erreurs. Problème non encore résolu, -faute de temps pour d'autres essais- : si on se contente  de laisser les gâteaux au réfrigérateur, ils sont trop mous…



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  • Pour changer un peu des brumes de maison j'ai préparé, pour offrir en compagnie d'un diffuseur électrique, quatre mélanges d'huiles essentielles à utiliser selon son humeur.

    Je donne ici la liste des composants en mettant en premier -comme dans une INCI - les He présentes à plus forte dose, mais sans indiquer le nombre de gouttes, car j'ai fait ces assemblages "au nez"… ou plutôt aux narines, approchant d'une narine le mélange en train de se faire et de l'autre l'HE que je voulais ajouter, pour déterminer si ça collait, puis en rectifiant eventuellement. Travail de longue haleine ou plutôt de longs reniflages… Deux mélanges sont  présentés en flacons de 10ml, avec 7 à 8 HE chacun, deux en flacons de 5ml avec 4HE chacun.

    L'image “http://pagesperso-orange.fr/safran2b/SmiliesKaos/mini02.gif” ne peut être affichée car elle contient des erreurs. Comment ai-je sélectionné les huiles essentielles?

    -J'ai d'abord cherché ce qui se faisait (voir les liens à la fin de l'article)

    -j'ai regardé dans mes compositions personnelles les associations qui fonctionnent  bien: agrumes-patchouli, lavande-muscade, encens-petit grain citronnier. J'ai éliminé l'ylang ylang que j'aime beaucoup mais je n'étais pas sûre qu'il plaise au destinataire.

    -j'ai mis des agrumes dans toutes les formules pour les notes de tête, et parce qu'ils sont très agréables en diffusion et bien tolérés.

    -j'ai imaginé des parfums relativement "familiers" pour donner une sensation de confort olfactif 

    -j'ai un peu tenu compte des propriétés énergétiques des He mais sans y passer des heures, car je cherchais d'abord des harmonies olfactives.

    -j'ai aussi veillé, dans chaque formule, à avoir au moins une He qui "enracine" (sauge sclarée, patchouli, cèdre, muscade). Sauge sclarée et muscade sont classées comme notes de cœur dans les compositions parfumées mais je ne voulais pas trop alourdir mes mélanges qui sont à diffuser.

    J'ai préparé ces cocktails quelques jours avant de les offrir car les parfums ne se font pas tout de suite. Ils passent d'une sorte d'odeur en strates à une senteur fondue plus harmonieuse.

    L'image “http://pagesperso-orange.fr/safran2b/SmiliesKaos/mini02.gif” ne peut être affichée car elle contient des erreurs.  En 10ml

    Thyms* (avec une note menthe douce)
    tonifiant désinfectant


    HE: cajeput, menthe douce, thym linalol, thym citron, citron, pamplemousse, sauge sclarée.


    Agrumes  (avec une note patchouli)
    Gaieté


    HE: citron, pamplemousse, bergamote, orange sanguine, mandarine, girofle*, patchouli, basilic sacré



    L'image “http://pagesperso-orange.fr/safran2b/SmiliesKaos/mini02.gif” ne peut être affichée car elle contient des erreurs.  En 5ml:

    Lavandes (équilibré)
    Paix


    HE: lavande matherone, lavandin super, pamplemousse, muscade


    Encens (complexe, malgré le peu d'ingrédients)
    Spiritualité


    HE: encens (boswellia carterii), cèdre de l’Atlas, petit grain citronnier, pruche

    *Attention au choix des variétés de thyms. Privilégier les variétés "douces". Utiliser la girofle à dose mini.


    L'image “http://pagesperso-orange.fr/safran2b/SmiliesKaos/mini02.gif” ne peut être affichée car elle contient des erreurs. Liens:  où trouver de jolies formules toutes prètes?

    3 mélanges au Gattilier
    ici

    13 compositions chez Florame
    ici

    4 cocktails au Jardin des Nielles et des senteurs
    ici

    … et plus de 80 propositions chez Myrtea, classées en cinq catégories: 
    ici, à la rubrique "synergies aromatiques".

    On peut bien sûr se contenter d'une seule huile essentielle (j'apprécie beaucoup le sapin géant en hiver)… mais pour faire un cadeau, je voulais quelque chose de plus sophistiqué.

    L'image “http://pagesperso-orange.fr/safran2b/SmiliesKaos/mini02.gif” ne peut être affichée car elle contient des erreurs. Recommandations importantes

    -On diffuse 10mn en continu, pas plus. Trois ou quatre fois par jour suffisent.

    -On veille à ne pas choisir des huiles problématiques. Pas d'eucalyptus globulus tout seul (acceptable à la rigueur en mélange. Mieux vaut privilégier d'autres eucalyptus), attention à la cannelle, à la menthe poivrée, aux huiles essentielles riches en phénols, à celles qui sont neurotoxiques.

    -Eviter la diffusion en présence de chats, qui n'aiment pas ça: voir l'article de Raffa 
    ici

    -Recommandations et  indications sur les huiles à diffuser avec plus ou moins de modération: ici

    L'image “http://pagesperso-orange.fr/safran2b/SmiliesKaos/mini02.gif” ne peut être affichée car elle contient des erreurs. Et au risque de répéter: pas de diffusion quand on est enceinte, qu'on allaite, près de nouveaux nés, prudence avec les asthmatiques et les allergiques.



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  •                                                             Feuilles et fruit de padanus (île Maurice)


    J'ai eu la grande surprise, lors d'un voyage récent à l'île Maurice -que je ne connaissais pas- de découvrir qu'il y avait plein de pandanus en arbres, baptisés vacoas (il existe même un bourg appelée Vacoas) … mais qu'on n'en faisait pas grand chose, sauf à utiliser les fibres de leurs feuilles pour des tissages.

    J'ai demandé à tous ceux que je rencontrais s'ils n'en avaient pas des souvenirs  culinaires, mais non… Je n'ai pas eu le temps de visiter le chinatown de la capitale de l'île, Port Louis, donc je ne peux certifier que la communauté chinoise ne l'utilise pas dans sa cuisine.
    J'ai appris par ailleurs qu'à la Réunion, on cuisinait les fruits, à l'apparence de gros ananas, en gratin… mais qu'on ne faisait rien de spécial avec les feuilles.

    De retour à Paris, j'ai poursuivi l'enquète. J'ai découvert que deux variétés étaient retenues pour leurs parfums.

    L'image “http://pagesperso-orange.fr/safran2b/Imini-gif7/oiseau20.gif” ne peut être affichée car elle contient des erreurs. -le pandanus odoratissimus est recherché pour la senteur capiteuse de ses fleurs mâles à partir desquelles on élabore l'eau de kewra. J'en trouve à Paris dans les épiceries indiennes et je l'utilise parfois dans des macérations pour les brumes de maison. Cette variété produit aussi des fruits.  Les pandanus de Maurice en sont proches (mais d'une variété voisine).

    L'image “http://pagesperso-orange.fr/safran2b/Imini-gif7/oiseau20.gif” ne peut être affichée car elle contient des erreurs. -le pandanus amaryllifolius est utilisé dans la cuisine pour ses feuilles odorantes. Elles servent notamment à parfumer le riz, et donnent un extrait liquide d'un vert pétant, très utilisé dans les gateaux asiatiques et qui semble avoir mis la blogosphère culinaire en ébullition… Il ne produit ni fleurs, ni fruits.


                                 J'avais pris cette photo l'été dernier dans une patisserie de  l'ile de Bangka, en Indonésie.


    Poussée par la curiosité et munie des noms du pandanus en diverses langues asiatiques  (la dua, bai toey, etc;), je  suis allée chez Paris Store, à Belleville,… où j'ai trouvé du pandanus frais, sous l'appelation 'la dua' associée à celle de "feuilles parfumées". Provenance: Thailande. Il était vendu en grandes feuilles qui, je dois dire, ne sentent pas grand chose.Mais au travers de mes multiple lectures pandanesques, j'ai appris que c'était normal. Les feuilles doivent être associées à d'autres produits ou "travaillées" pour révèler leur saveur.

    Munie de ce butin, j'ai essayé de tirer Pandanus- Blanche neige de son sommeil olfactif.


    Extrait  alcoolique de pandanus

     
                               

    J'ai broyé quelques feuilles au hâchoir à fines herbes et je les ai mises à macérer dans du Pisco chilien (il ne me restait que ça comme alcool pas trop parfumé. Le pisco est extrait du raisin).


                                                 La préparation posant sur fond de feuilles de pandanus… 

    Résultat dans quelques jours ou semaines (je surveille la couleur).

    Sirop/sucre de pandanus

    J'ai fabriqué un sirop de pandanus en suivant cette
    recette:

     200ml sucre (j'ai choisi du roux bio de canne)
    100ml eau de source
    Deux grandes feuilles déchirées en lanières et nouées (c'est la recette qui le conseille).




    J'ai laissé bouilloter 10mn puis infusé un peu avant de filtrer. Arrière goût intéressant, pas seulement vert végétal, mais particulièrement discret … le sirop s'est mis à cristalliser très vite; je l'ai donc rechauffé pour le liquéfier et je l'ai coulé dans des moules en forme de cœur pour faire du sucre au pandanus.

                                                       Le sirop avant sa cristallisation

    Cocktail vert pandanus

    -une feuille fraîche de pandanus
    - trois cuillérées à soupe d'eau bouillante
    -un jus de citron
    -une cuillérée à café de sirop de pandanus
    -trois glaçons
    -10cl d'eau fraiche


                                                                        
    l'elixir vert
     

     -j'ai d'abord mixé -laborieusement- avec un soupçon d'eau bouillante des feuilles déchirées en lanière puis j'ai filtré, ce qui m'a permis d'obtenir un fond de verre d'un liquide vert émeraude clair.
    -j'ai rajouté un jus de citron (j'ai rapporté des petits citrons jaunes très parfumés, achetés au Marché de Port Louis, ils viennent de l'île de Rodrigue)
    -une cuillérée à café de sirop de pandanus, pas encore cristallisé
    -quelques glaçons, avec un peu d'eau fraîche
    j'ai passé le tout au blender. C'est très bon et frais. Le parfum de pandanus, bien que présent,  reste  un peu léger.

                                                             Le cocktail vert pandanus


    Comme j'ai encore une bonne brassée de feuilles, je vais tenter de les reveiller d'autres manières.


    L'image “http://pagesperso-orange.fr/safran2b/Imini-gif7/oiseau20.gif” ne peut être affichée car elle contient des erreurs. Liens

    -La préparation maison de Brigitte avec du pandanus frais de son jardin
     tropical 
    ici
    --une magnifique description-reportage sur le kewra, baptisé parfois kewda, très présent en Inde, dans l'Orissa (en anglais)  : ici
    - différentes variétés de pandanus (en français):  ici
    -variétés de la Réunion et de Maurice et leur emploi (en français):  ici
    -composition chimique de l'huile essentielle extraite des fleurs mâles du pandanus odoratissimus (en anglais) :
    ici
    -composition chimique des molécules odorantes du pandanus amaryllifolius  (en anglais)  : ici


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  • C'est au détour du plus merveilleux des blogs découvert récemment, et dont le nom me fascine -il s'appelle
    le Divan Fumoir Bohémien et provoque un bonheur de lecture et de contemplation sans égal…mais je vous laisse la surprise - que j'ai fait cette belle trouvaille: le livre d'une historienne, Catherine Lanoë, La poudre et le fard, une histoire des cosmétiques de la Renaissance aux Lumières (éditions Champ Vallon).

    Il étudie, à l'appui d'archives notamment, l'évolution des produits de beauté employés sous l'Ancien Régime, en s'attachant au passage à leur élaboration, ce qui ne peut qu'intéresser une bricoleuse cosmétique maison. Il ne se dévore pas d'une bouchée mais se savoure peu à peu car il égraine, entre deux analyses serrées de l'esthétique des fards, des informations précieuses à glaner au fil des pages.

    Je livre ici celle qui m'a le plus séduite… une histoire de roses
                           La rose de Provins vue par Redouté, à retrouver sur ce site fleuri

    Sous l'Ancien Régime, les "poudres de senteur " destinées à parfumer les poudres réservées à la chevelure ont la côte. Si quelques formules sont connues,"des gestes techniques qui permettent de créer des poudres, en revanche, les rares recettes manuscrites n'en disent rien", remarque Catherine Lanoë (p. 105), même s'il s'agit le plus souvent simplement "d'écraser et de mélanger des substances odoriférantes au moyen de mortiers et de pilons". Elle évoque la délicate technique proche de l'enfleurage réalisée avec des fleurs fraîches, mais aussi celle, plus aisée, effectuée avec des produits secs réduits en poudre avant d'être mélangés à de l'amidon puis soigneusement tamisés. Elle note la bonne connaissance qu'ont les parfumeurs de leurs ingrédients. Ainsi ils savent que "si les roses pâles et les roses muscades fort odorantes lorsqu'elles sont fraîches, deviennent inodores en séchant, les roses rouges de Provins, quant à elles, n'exhalent leur parfum qu'à la condition d'être sèches".

     J'avais  lu à plusieurs reprises que les Provins étaient des fleurs inodores, ce que contredisait mon nez, sensible aux suaves senteurs dégagées des sachets de fleurs sèches que j'ai pu acheter ça ou là.
    Cette remarque résout enfin le mystère attaché au parfum de ces roses rouges.

    Le livre consacre également de nombreux paragraphes aux pommades, c'est à dire aux baumes. J'y reviendrai, expériences faites…

    L'image “http://pagesperso-orange.fr/safran2c/Imini-nature/Fleur-048.gif” ne peut être affichée car elle contient des erreurs.Lien

    L'une des références de Catherines Lanoë, l'ouvrage de Simon Barbe:
    Le parfumeur français qui enseigne toutes les manières de tirer les odeurs des fleurs, & à faire toutes sortes de compositions de parfums : avec le secret de purger le tabac en poudre, & le parfumer de toutes sortes d'odeurs, pour le divertissement de la noblesse, l'utilité des personnes religieuses & nécessaire aux baigneurs & perruquiers. (Cambridge, 1990,  Reprod. de l'éd. de  Lyon : chez Thomas Amaulry, 1693).132p.
    Egalement cité sur le Divan fumoir bohémien, il est accessible sur le serveur Gallica de la BNF

    … et pourrait se révéler inspirant pour
    quelques obsédées des poudres de fleurs ou de fruits


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