• … d'abord pour le plaisir d'utiliser des plantes fraiches, car j'ai eu la chance d'en ramasser récemment en compagnie de cueilleuses aussi adorables que bavardes…


     

    Il y a une étrange aura autour de la consoude, plante très présente dans la culture populaire et de façon plus distanciée dans les livres de phyto, pour ses propriétés cicatrisantes et réparatrices sur les plaies, les hématomes, les foulures, voire les fractures. 

     

    On sait aujourd'hui que ses racines et dans une moindre mesure ses feuilles renferment des alcaloides pyrrolizidiniques,vraiment toxiques pour le foie. Leur utilisation est donc déconseillée, surtout en interne. On trouve des recettes de jeunes feuilles en beignets, je suppose qu'une seule fricassée gourmande dans l'année devrait être tolérable, si on est en bonne santé. En externe, la commission E (autorité allemande de contrôle de phytomédecine) conseille de n'utiliser la consoude que sur une durée de six semaines maximum dans une année. 

     

    Que dit-on exactement de cette plante de la même famille botanique que la bourrache? Voici deux excellentes pistes de recherche:


    * Pour consulter en accès libre des textes médicaux anciens (on entre un mot clef, et la liste des ouvrages où il apparait s'affiche, il suffit de s'y rendre ensuite)  : ici

     

    * Autre merveilleuse source d'informations: Le dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France de Paul-Victor Fournier, publié en 1947 et très bien réédité chez Omnibus en 2010, avec, notamment, une préface de Clotilde Boisvert (créatrice de l'Ecole des plantes) racontant la vie de Fournier, qui fut chanoine et passionné de plantes et de botanique. Ce livre est un vrai bijou de précision et d'érudition.


    L'article consacré à la consoude en est un excellent exemple. Ainsi, Fournier retrace l'évolution des vertus attribuées à la consoude. D'astringente, elle devint émolliente… Il note aussi la divergence entre la médecine officielle qui abandonna peu à peu son usage et la culture populaire qui lui restait fidèle. Des médecins anglais ont découvert au début du XX° siècle que la plante renfermait de l'allantoïne, actif très réparateur, ce qui l'a faite ressortir de son purgatoire. Comme Michèle le note dans son commentaire à mon article précédent, voir ici, l'allantoïne étant hydrosoluble, on a des chances de l'extraire via des teintures ou des infusions, et non dans des macérations huileuses (pourtant toujours pratiquées).

     

    Pour Fournier, c'est surtout la racine qui s'avère intéressante -elle renferme plus d'allantoine que les feuilles- , même si les feuilles sont  émollientes (= adoucissantes).

    Dans les recettes recensées, il cite le cataplasme de racines fraiches écrasées à poser sur les plaies, ulcères, piqures d'insectes, articulations goutteuses, et même fractures.

    Outre l'allantoïne, la plante renferme des tanins, des mucilages, des minéraux, de la vitamine B12, de l'acide rosmarinique. Il y a des recettes avec de la poudre de racines séchées mais la plupart du temps, c'est la plante fraiche qui est recommandée.

     

    A propos de l'emploi des feuilles


    James E. Duke, grand herboriste américain, recommande leur utilisation, fraiches, en friction sur des plaies par exemple. "Elle reste mon premier recours en cas de plaie lente à cicatriser", écrit-il dans Le pouvoir des plantes (Marabout). Il suggère la teinture (de feuilles) à raison de quelques gouttes dans un shampoing contre les pellicules ou dans des préparations pour apaiser le syndrome du canal carpien. 

     

    Le site canadien Passeport santé fait état d'études sur les propriétés cicatrisantes des feuilles. Voir ici

     

    Si Maria Treben l'herboriste autrichienne auteur best seller de La santé à la pharmacie du Bon Dieu a des mots lyriques pour décrire l'efficacité de la racine, exemples frôlant le miracle à l'appui, elle parle aussi de celle des feuilles.

     

    N'ayant ramassé que les feuilles (avec quelques fleurs blanches en prime), j'ai décidé de jouer avec pour les savons, sans me faire d'illusions sur leurs éventuelles propriétés thérapeutiques néanmoins… 


     

    P1020082.jpgConsoude en fleurs au premier plan, feuille de basilic thai à droite, tronçons de feuilles rigides de pandanus en arrière plan

     

    *J'ai d'une part préparé pour dissoudre la soude une infusion corsée de consoude en y ajoutant des feuilles fraiches de pandanus et de basilic thai pour leur parfum.


    *J'ai par ailleurs fabriqué une macération de feuilles dans de l'huile d'olive bio, complétée avec un reste de macérat huileux de consoude-thé vert dans du sésame.

     

    infusion et macérat étaient d'un beau vert.

     


     

    Savons verts à la consoude


     800g d'huiles


    48 ricin

    64 beurre de cacao

    240 coco indienne odorante

    240 olive dont 140 macérée à la consoude

     100 arachide raffinée

    48 karité du Bénin de Michèle

    60 sésame bio (dont 32 macérés à la consoude avec du thé  vert)

     

    1 cuillérée à  café de crème fraiche dans les huiles


    280g d'infusion aqueuse concentrée de feuilles de basilic thai, de pandanus, de feuilles et fleurs de consoude dans de l'eau déminéralisée, (moitié en glaçons, moitié gardée au froid)

    Soude  pour un surgraissage à 8 environ

     

    Un peu de mica bleu… pour soutenir le vert


    Parfum


    Je n'ai pas parfumé toute la pate pour tester le parfum des herbes seules après saponification.


    Dans la moitié des huiles:

    Il me restait des fonds très résineux et très odorants (mais que je n'ai pu peser) d'He de vétiver et de patchouli, je les ai dilués.

    6g de coco fractionnée avec du vétiver

    5g  de coco fractionnée avec du patchouli

     

     

    P1020085.jpgAu fond, j'ai démoulé un peu trop tôt le savon, d'où l'aspect un peu grumeleux en surface. Le savon le plus foncé est celui du milieu, coulé dans un  moule milky-way. Le cube au premier plan, le plus clair, est sans HE.

     

    J'ai coulé dans trois moules différents… et obtenu trois nuances de vert.


    Les savons sans HE sont restés plus pâles et sentent légèrement le pandanus. Dans les autres, le parfum du vétiver vient en premier, puis arrive le pandanus. J'attends le patchouli…

     


     


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  • Une huile à tout faire que l'on peut glisser dans son sac en raison de son conditionnement mini-mini… 

     

    J'avais trouvé dans une boutique japonaise parisienne d'adorables conditionnements à usage alimentaire, prévus pour conserver un soupçon d'assaisonnement liquide: sauce de soja pour sandwich de poupée par exemple, vue la taille du flacon… (On les trouve ici aussi, en compagnie d'autres contenants tout aussi kawai, puisque c'est le mot consacré… )

     

    J'ai cherché ce que je pourrais mettre dedans qui soit vraiment utile à trimballer… et j'ai pensé à une huile cosmétique polyvalente, à appliquer sur les lèvres, les ongles, voire les mains ou le visage, à raison de quelques gouttes en cas d'urgence. 

     

    Ces mini-contenants se vissent, ils ferment donc convenablement.

     

    J'ai fait le choix de panacher quelques macérats huileux très concentrés que j'affectionne et fabrique régulièrement et avec soin sur des huiles costaudes, bien protégées à la vitamine E.

     

    Mon trio gagnant:

     

     

    1. Macérat de résine d'encens sur coco fractionné.


    Une amie a eu l'extrème gentillesse de me rapporter une merveilleuse résine d'encens d'Oman. Elle a mené l'enquète sur place, la résine doit avoir, entre autres caractéristiques, de légers reflets verts. C'est la variété tenue pour la plus médicinale: les gens la croquent, par tous petits bouts, pour des effets thérapeutiques ou ils la mettent dans de l'eau, où elle se ramollit et ils boivent la mixture, à petites doses comme anti-inflammatoire. 

    J'ai utilisé le coco fractionné, très neutre au nez, comme support.

     

    2. Macérat de matricaire-souci-lavande sur huile d'olive bio.


    L'huile d'olive est un excellent support de macération. J'arrète le macérat quand le parfum des plantes a supplanté celui de l'olive. L'association de ces trois plantes aussi courantes qu'efficaces confère au macérat des propriétés très réparatrices. j'ai eu la chance d'avoir entre les mains une lavande hors pair(un cadeau très odorant de Marie baumes)

     

    3. Macérat de lys "chinois" et de pétales de roses de Provins dans de l'huile de sésame bio.

     

    J'indique "lys chinois" car ce n'est pas exactement la même variété que le lilium candidum utilisé en Europe comme réparateur cutané, même si le chinois semble aujourd'hui vendu comme susbstitut. J'ai passé des jours sur internet à tenter de trouver des fleurs de lilium candidum séchées, peine perdue. Les laboratoire Bardou qui en vendaient ont arrété. On trouve du macérat tout fait (chez AZ, notamment) mais il ne me parait pas très efficace. J'en ai commandé, fabriqué artisanalement, chez Catherine Castille, une productrice affiliée au syndicat Simples, mais j'en consomme beaucoup et elle ne le propose qu'en 30ml.

     

    Pourquoi cette attirance pour ce lys? Pour sa puissance réparatrice. Je l'avais expérimentée à une époque où ne supportant rien sur la peau, mon ultime recours fut une esthéticienne aussi compétente qu'inclassable. Elle employait beaucoup d'ingrédients bruts, qu'elle associait avec du shiatsu. Elle testait prudemment des huiles sur moi. Généralement, ma peau réagissait avec vigueur, je devenais très vite écarlate… sauf avec le macérat de lys qui l'apaisait de façon spectaculaire, et dans la seconde. Je raconte un peu de ma vie pour bien souligner que si cela me convenait (et continue de me convenir), cela ne signifie pas pour autant que cela aille à tout le monde!! En cas de peau capricieuse, Il faut avoir la patience de tester les ingrédients, -sans trop les mélanger- et avec prudence bien sûr.

    Bref, le macérat de lys est resté mon meilleur ami.


    J'ai trouvé des fleurs de lys sur le site Herbes de Chine recommandé par Michèle. Les fleurs de lys  séchées ont pour nom chinois bae he hua (nom latin: lilium brownii pour désigner le lys, le site propose aussi des bulbes). Il ne s'agit pas la fleur d'hémérocalle jaune (jinzhen) souvent trouvée dans les boutiques d'alimentation chinoise sous le nom de lys, et que l'on cuisine.

    Sur plusieurs sites, le lilium brownii est assimilé au lilium candidum, ou présenté comme un équivalent. 

     

    Par exemple ici,

    ici ou  ici

     

    J'ai ajouté dans la macération des pétales séchés de rose rouge de Provins (un autre cadeau de Marie Baumes), et j'ai réalisé ce macérat sur de l'huile de sésame bio, l'une des huiles les plus bénéfiques pour les peaux fragiles. Elle est à la fois riche en vitamine E et en insaponifiables. J'en avais déjà fait l'éloge ici

     

    J'ai également compté:

     

    -6% d'huile de rose musquée bio, très cicatrisante

     

    -2% de vitamine E naturelle, en plus de celle déjà utilisée comme anti-oxydant dans les macérats

     

    -des micas mordorés dilués sur un mélange jojoba-coco fractionné

     

    - et enfin, quelques gouttes d'une très belle création de Kayacaramel: une résine d'encens fondue dans de l'He de géranium, ce qui adoucit la note fleurie sans l'estomper néanmoins.

     

     

    Ce qui donne sur un total de 50g (multiplier les chiffres indiqués par deux pour les pourcentages)

     

    P1020084.jpgLe mini-flacon possède à peu près la taille qu'il affiche sur la photo. J'ai trouvé quelques petits pochons à bijoux dans une brocante qui permettent de ranger l'huile dans un sac sans souci. 

     

     

    Huile précieuse pour le sac

     

    17g macérat de lys chinois et de rose de Provins sur huile de sésame bio+ vit E

    17g macérat de matricaire-souci-lavande sur huile d'olive bio + vit E

    10g macérat d’encens sur huile de coco fractionnée

    2 g rose musquée bio

    3g huile de ricin bio+jojoba bio+micas mordorés

    1g vitamine E naturelle

    3gtes HE géranium sur encens (Kayacaramel)

     

    Mélanger le tout, et conditionner.

    Voilà, c'est tout.

    Le parfum de l'huile a une note géranium très adoucie.


    .


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  • Une envie de démaquillant solide, si pratique quand on voyage sans bagage, car il passe les contrôles  sans souci… 

     

    J'avais réalisé il y a longtemps déjà des palets à démaquiller dont j'étais assez satisfaite. C'est ici

     

    Je désirais faire d'autres essais pour fignoler, avec:


    - un parfum plus marqué, ce qui a suscité la déclinaison autour de la rose, en association avec un beurre de cacao odorant. Au final, le cacao domine.


    - une texture  un peu moins grasse, d'où la présence d'un HG

    Je me suis aussi souvenue que Christine avait ajouté du ricinion dans de nombreuses formules pour le tester quand je le lui avais fait découvrir. Elle avait, entre autres essais, réalisé un palet démaquillant avec du ricinion ici, ce qui apaisait le gras. 


    Je souhaitais également employer de la poudre de rose, car j'en avais reçu un petit paquet (en bio) en cadeau. Par ailleurs, Aroma Zone qui propose de la poudre de rose de Damas dans sa ligne ayurvédique fait de très jolies fiches sur sa "série indienne" . Voir ici pour la rose


    Avec  ces éléments en tête, plus l'idée d'un petit cadeau aux copines… yavaitpluka…


    Préparation des amandes

     

    *Pour les pressées:


    Peser des amandes décortiquées (mais avec la peau, ce qui les protège un peu de l'oxydation) bio si possible. Compter au moins 15% de poids en plus de ce que l'on souhaite obtenir au final (compter large, on peut toujours grignoter le reste!)

    Passer brièvement les amandes sous l'eau en les frottant entre les paumes pour ôter un peu de ce que j'appelle "la poussière de peau"

    Les plonger dans une grande quantité d'eau bouillante pour que l'ébullition reprenne vite. Compter 1 minute maxi. Verser dans une passoire. Rafraîchir rapidement sous un filet d'eau fraiche puis peler, ça s'en va tout seul.

    Faire rapidement sécher les amandes à la poële sans qu'elles ne prennent couleur.

     

    Mixer fin.

     

    *En version slow cosméto:


    Faire tremper une nuit au préalable des amandes bio non pelées dans de l'eau fraîche pour démarrer leur germination. Les amandes prennent du poids au trempage. Le lendemain, les ébouillanter comme indiqué et ne pas oublier de les sécher à la poële pour éviter d'avoir une pate trop humide après le mixage.

     

    J'ai dû compléter avec quelques pistaches décortiquées pour faire le poids car j'étais juste pour les amandes

     

    Démaquillant gommant aux amandes et à la rose

     

    Phase 1 à très bien mélanger dans un petit bol


    40g poudre amandes bio (36 amandes pelées+4g pistaches)

    20g argile rose

    5g poudre de rose bio

    10 HG de rose maison

    5g ricinion

    0,7 géogard

    2gtes absolue de rose

     

    Humectée, la poudre de rose fonce beaucoup.

     

     

    Phase 2 : à faire fondre au bain-marie et à verser sur la phase 1


    15g beurre de cacao bio

    3 g karité nilotica

    (j’ai oublié la cire florale de rose (1g prévus) !)

     

    Tasser dans des petites moules en silicone pas trop biscornus, sinon, c'est très difficile à extraire et placer au congélateur une bonne heure avant de démouler.

     

    Faire sécher avant d'utiliser.

     

    P1020083.jpgPour démouler facilement, choisir un moule plus simple que celui  utilisé ici.

     

    Prélever un petit morceau à appliquer sur peau mouillée en frottant doucement. On peut aussi placer le morceau dans le creux de la main et ajouter l'eau pour fragmenter le palet au préalable.

    Rincer. Le ricinion évite vraiment  la sensation de gras.


    Teint de rose garanti.

     

    Substitutions

     

    *On peut remplacer l'argile rose par de la blanche, très douce. Je n'ai pas tenté avec du rhassoul, mais ça doit être jouable.

    * On peut remplacer la poudre de roses par une autre poudre de fleurs (lotus par exemple), à la condition  expresse qu'elle soit très très fine pour ne pas irriter la peau. On peut également choisir du miel en poudre, voire de l'avoine colloidale. Les amandes suffisent pour l'effet gommage.

    * On peut remplacer la poudre d'amandes par une autre poudre de fruits secs oléagineux (noisettes par exemple). Mieux vaut la préparer soi-même pour limiter l'oxydation.

    * On peut bien sûr varier l'HG, les HE; etc.

     



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    J'aimerais faire un peu de pub à trois projets qui me plaisent beaucoup… Deux ont déjà abouti, le troisième est en gestation; tous ont en commun d'ouvrir des voies alternatives qui ensoleillent le quotidien.


     

      La marmite norvégienne de Mireille


    Magie et bizarrerie du net: je connais Mireille depuis pas mal d'années… sans jamais l'avoir rencontrée pour de vrai. C'est la reine des solutions alternatives qu'elle élabore au jour le jour. Elle donne des pistes sur son blog… mais aussi en livres. Le premier fut Cuisiner en toute simplicité (Ed. Dangles). J'en avais parlé ici.

     

    P1020079.jpg


    Cette fois, Mireille s'est penchée avec beaucoup d'érudition sur la marmite norvégienne.

    Ne pas imaginer une marmite chaussée d'une paire de skis et coiffée d'un bonnet … quoique… le bonnet pourrait s'avérer utile. En effet, la marmite norvégienne est un ingénieux dispositif qui permet de cuisiner presque sans feu, ou en tout cas d'économiser beaucoup d'énergie en isolant le mieux possible l'ustensile de cuisson… d'où l'intérèt éventuel d'un bon bonnet de laine! 

     

    Hors sujet : le bonnet n'est pas une ineptie comme matériau isolant; l'an dernier, nous n'avions pas trouvé mieux pour protéger de la fournaise grecque la bouteille d'eau trimballée lors des balades. Nous l'enfouissions dans un bonnet de marin (emporté par hasard… ) et c'était parti pour une après-midi d'eau fraiche…

     

    Pour revenir à la marmite, le petit livre de Mireille en dévoile tous les secrets: un historique réjouissant et savant, le mode d'emploi -en fait on amorce la chauffe du plat qui finit de cuire tout seul, pourvu qu'il reste bien au chaud- des idées de construction ou même de simple bricolage; le summum de l'ingéniosité revenant à celui ou à celle qui a eu l'idée d'enfouir la marmite dans un vieil anorak… à suspendre à un cintre!! Et il y a bien sûr des recettes, dont celle des yaourts sans vraie yaourtière.

     

    P1020080.jpg


    On peut lire une bonne partie du texte gratuitement ici, mais aussi l'acheter pour soi ou pour offrir ici, les dessins en couleurs étant vraiment exquis.


     

    L'aventure au coin du bois avec Linaigrette

     

    J'ai également connu Linaigrette via le net, sans l'avoir encore rencontrée. Elle aussi est en quête de solutions alternatives et inventives. Avec une équipe d'auteurs-cueilleurs, elle s'est lancée dans la publication de L'aventure au coin du bois, revue dont j'adore le titre global de la série "cahiers pratiques et sauvages". L'aventure… s'aventure dans une nature proche mais souvent méconnue. On y parle avec précision de plantes courantes à redécouvrir et à utiliser, à table, en phyto ou ailleurs. Pour le chène par exemple, il y a des recettes autour des bourgeons, de l'écorce ou des feuilles.  

     

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    Le n°1 qui vient juste de paraiître (le n°3 était sorti le premoer en décembre… ) consacre un vrai article à la lessive au naturel. Je dis un vrai car il apporte notamment des précisions sur les plantes renfermant de la saponine, comme le simple lierre, qui permet de faire sa lessive.

     

    P1020078.jpg

     

     

    La revue au format cahier est ravissante et la moindre ligne renferme des informations. On se renseigne ici pour se la procurer ou s'abonner à la suite à venir. 


     

    Un café des chats à Paris

     

    Un projet au stade encore de projet qui m'a fait complètement craquer. Je l'ai découvert par hasard en me baladant sur le net. Il s'agit de l'ouverture d'un café des chats à Paris, c'est à dire d'un salon de thé où vivrait une bande de chats (recueillis auprès de la SPA) bien installés et que l'on pourrait donc saluer et côtoyer en buvant son lapsang souchong… une aubaine pour les amoureux des félins en manque de ronrons… Ce qui est mon cas. Souvent absente, j'ai renoncé pour l'instant à loger un chat à la maison.

     

    DSCN7557.jpgChat de Sifnos


        En versant ne serait-ce qu'un euro, on peut participer à la création du café; en souscrivant, on pourra en échange, selon le montant, venir boire un verre, déguster un cupcake, etc. Il s'agit de lever 40 000 € d'ici le 25 mai; si ce n'est pas le cas, les souscripteurs récupèreront leur mise.

     

    Il existe déjà des cafés de chats au Japon, en Chine, à Londres, etc

     

    C'est ici que ça se passe

     

    Edit (26 mai 2013):le café des chats a réuni assez d'argent pout finaliser son projet.


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    Islay compte huit distilleries de whiskies renommés. Pas étonnant qu'une savonnière ait eu l'idée de fabriquer des savons … au whisky. 



     

    P1010971.jpgLa distillerie de l'île de Jura, à 5mn de ferry d'Islay

     

    Installée à Islay depuis quelques années, Ailsa Hayes s'est lancée dans la savonnerie artisanale en 2007. Elle avait fait des études de chimie, m'a t'elle expliqué." Il faut de l'alcool pour fabriquer les savons transparents…  j'ai pensé à utiliser du whisky!" Elle a contacté des distilleries, très intéressées et a créé Spirited soaps.


     

    P1010982.jpgDeux cerfs de Jura

     

    Pour des savons élaborés avec du whisky de l'ile de Jura qui compte… 6000 cerfs rouges sauvages, elle a saupoudré leur pate d'un peu de poudre de bois de cerf (ils perdent leurs bois chaque année) pour un savon scrub…

     

     

    P1020037.jpgLes savons pour Jura

     

    P1020036.jpgLes savons pour Laphroaig, qui produit des whiskies réputés pour leur parfum tourbé. Lors de l'élaboration, le malt (orge germée et fermentée) est séché et fumé avec de la tourbe encore récoltée sur l'île.

     


    L'odeur du whisky ne tient pas -Ailsa parfume la pate avec des huiles essentielles-

     

     

    P1020038.jpgLes gros blocs translucides dans la boutique à Bowmore, la -petite- capitale d'Islay

     

    Ses savons ont un aspect brut que j'aime beaucoup, surtout les grands pains translucides et ambrés présents dans sa boutique, où elle propose aussi bougies, baumes à lèvres, etc.

     

    Elle cueille des fleurs d'ajonc pour décorer certains savons. Elle a découvert qu'elles ne noircissent pas au contact de la soude, tout comme les pétales de fleurs de souci.

     

     

    P1020040.jpg


    Les ajoncs d'Islay sentent incroyablement la noix de coco, mais le parfum ne résiste pas à la saponification. 

     

     

    P1020043.jpgHaies d'ajoncs sur Islay

     


    Un lien vers une vidéo avec une interview sympa et où on voit Ailsa fabriquer ses savons Ici

     

     


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    Je viens de passer quelques jours sur l'île d'Islay, au large de Glasgow, réputée pour ses whiskies au parfum de tourbe. Avant mon départ, j'avais lu qu'on avait parfois utilisé le myrique baumier dans l'élaboration de bières. Sur place, j'ai vraiment œuvré pour trouver cette plante. J'y suis arrivée… non sans mal.  

     


     

    P1010964.jpgIslay est un paradis pour les âmes solitaires qui apprécient les fermes isolées

     

    Faire des recherches sur le myrique via internet est un vrai sport, car il se dissimule sous de multiples appellations:

    en français: myrique baumier, galé odorant, myrte des marais, myrte batard, piment royal, piment aquatique, etc ; au Canada bois-sent-bon. 

    en langue anglaise: bog myrtle, sweet gale, scotch gale

    en gaélique: roid

    en latin: myrica gale   

     

    P1010990.jpgLes moutons ont été plus faciles à trouver que le myrica gale

     

    C'est une plante intrigante de la famille des myricaceae, dont on utilise -avec prudence- toutes les parties: graines, feuilles, rameaux, châtons, racines … à titres divers. Elle est notamment tenue pour abortive, sudorifique dans les pneumonies, ayant une action astringente, active dans les maux d'estomac, les problèmes hépatiques, et peut être avec des propriétés anti-cancéreuses. Elle a des effets insecticides et herbicides.(Voir par exemple à ce sujet l'article de wikipedia, en anglais, bien plus complet que la Vf, pour laquelle j'ai fait un lien sur myrica gale). Elle favoriserait  aussi les rêves lucides, motif qui, il y a quelques années, avait attiré mon attention… 

     

    P1020047.jpgAu milieu des roseaux, l'île d'Eileen Moor, sur le Loch Finlaggan. Au Moyen age, elle fut le fief des MacDonald, les seigneurs d'Islay. 

     

    En cuisine, on peut l'employer en substitut du laurier dans les sauces, en prenant soin d'ôter les feuilles en fin de cuisson pour éviter l'amertume. Elle contribuait à parfumer la bière avant l'emploi du houblon, dans des mélanges de plantes baptisés gruit ou grut. Certains s'amusent encore à en faire des macérations alcooliques… à boire.

    Les graines auraient un parfum de muscade .


     

    P1020063.jpgUn bog myrtle rougeâtre, planqué dans les broussailles

     

    En dermato, la marque Boots l'emploie dans une ligne cosmétique pour ses effets anti-oxydants et anti-bactériens (contre l'acné notamment). En Grande-Bretagne,  on trouve d'ailleurs de nombreux savons, artisanaux ou pas, qui en referment mais c'est surtout son action insecticide contre les midges (ces mini-insectes piqueurs et terriblement envahissants présents dans les pays scandinaves, au Canada, en Ecosse ou en Irlande pendant l'été)  qui semble intéressante.

     

    Ses feuilles au puissant parfum balsamique secrètent une résine. Elle ont aussi une grande force tinctoriale même sans avoir à mordancer la laine. Elles donnent un ton jaune en début de saison et du vert à l'automne, comme me l'a expliqué une artisane d'Islay qui s'en sert. 

    On utilisait également la cire extraite des fruits pour fabriquer des bougies (probablement un travail de patience, vu leur taille menue… ).

     

    C'est un végétal très costaud qui apprécie les lieux humides, landes et tourbières, et résiste aux intempéries et à la pauvreté des sols.

     

    Sur le net, on peut trouver de l'hydrolat, de l'huile essentielle, de la teinture-mère (d'écorce des racines), des dilutions homéopathiques, voire des feuilles ou des graines séchées, mais  en Ecosse et au Canada -sauf pour la teinture mère et les produits homéopathiques.

     

    J'ai donc sillonné Islay pour en dénicher, d'abord en vain car je cherchais à identifier les feuilles. C'était trop tôt. Un truculent guide qui se rappelait où il en avait ramassé quand il était gamin a retrouvé l'endroit… et m'a montré quelques plants à la tige rougeâtre, sans l'ombre d'une feuille, mais porteurs de minuscules chatons orangés (les chatons mâles). Les chatons femelles arborent un plumet rouge; j'ai donc ramassé quelques branchettes qui macèrent déjà dans de l'alcool (les chatons d'un côté, les tiges légèrement écrasées de l'autre).

     

    P1020075.jpgUne part de ma modeste récolte

     

    J'espère en tirer un peu du parfum des landes d'Islay.   

     

    J'avais acheté il y a pas mal de temps déjà de l'HE en GB. Je l'ai utilisée à l'occasion dans certaines recettes (dans un savon par exemple ici ou dans un baume bleu pour les pieds qui ne voulait pas prendre… ici).

    En son temps, Pescalune avait préparé un lait corporel parfumé au myrique baumier avec un hydrolat et une HE achetés en Bretagne auprès de Clément Pallier (voir ici). Le site de Pallier  (www.ferme-kermorvan.com) semble hélàs en ce moment en repos.  

    Michèle avait également proposé sur Potions "myrica rose", une crème pour le visage et les mains avec du myrica gale. 


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  • J'ai décidé de publier cette formule car j'ai vraiment obtenu une texture crème.

     

    Inspirée par les beurres précédents, j'ai décidé de modifier légèrement ma formule de crème au P3R que je refaisais régulièrement (sans la publier… ).  J'ai notamment ajouté un vrai beurre (de karité) et procédé comme dans le précédent essai en refroidissant en cours de fabrication.

     

    Pour bien vérifier que ces modifications suffisaient à obtenir une crème et non un lait, je suis partie de ma formule habituelle un peu  trop fluide et qui ripolinait et j'ai juste modifié la phase 1 et la phase 2

     

    Phase 1 (ancienne formule)

     

    5 jojoba

    3 squalane

    1 synchrowax

    1 ester de sucre

     3 P3R


    Phase 2 (ancienne formule)


    3 acai

    3 lys rose dans sésame

    1 rose musquée

    1 vit E

     

    Les phases 3 et 4 sont identiques à la formule ci dessous (avec ajustement des % sur la phase aqueuse)

     

     

     

    Crème au P3R , au karité et à l'ester de sucre

     

    Phase 1 (préparée dans un bol en acier stérilisé, j'expliquerai pourquoi)


    6 jojoba

    5 karité

    1 ester de sucre

    3 P3R

     

    Phase 2


    4 açai

    4 macération de lys et de rose dans huile de sésame

    2 rose musquée

    1 vitE

     

    Phase 3 (à préparer à l'avance)


    20 eau de cuivre, or, argent (catalyons)

    47 eau de glacier

    1 teinture de ciste maison

    0,7 sulfate mg

    0,5 amigel

    1allantoine

     

     

     Phase 4


    6gtes aloe 200

    1 remodelant intense (acmella sur triglycérides)

    1 fucogel

    3gtes CO2 cassis arctique

    4gtes CO2 matricaire

    0,5g  elixir d'hématite

    18gtes cosgard

    1gte HE  geranium bourbon

    2gtes HE encens sacré

     

     Les changements

     

    Phase 1 et 2

     

    Augmentation de la phase huileuse

     

    Phase 1

     

    Remplacement du synchrowax et du squalane par le karité, en raison des belles textures obtenues pour les beurres précédents. Après avoir constaté la puissance émulsifiante du P3R; je voulais également tester sans ajout de  cire (ni synchrowax ni cire de ricin comme dans mes précédentes formules). Conclusion: ça marche bien!

     

    Le procédé

     

    *Préparer la phase 3 (aqueuse):


     Mélanger les ingrédients de la phase 3 dans un bécher stérilisé, sauf l'amigel que l'on saupoudre à la surface, puis mettre le becher à tiédir au bain marie pour obtenir un liquide homogène

     

    *Faire fondre la phase 1

     

    *Laisser tiédir avant de lui incorporer la phase 2 renfermant des huiles fragiles

     

    *Verser desssus peu à peu la phase 3 en incorporant à la maryse en silicone


    *Mettre au congelo 5mn, d'où l'intérèt du récipient en métal qui refroidit vite.


    *Ressortir le bol et continuer à touiller à la spatule pour ajouter le reste des ingrédients de la phase 4.


    *Le mélange prend au bout de quelques minutes et continuera de prendre pendant 24 heures environ.

     

    P1000213.jpg

     

    On obtient une crème très douce, fine, brillante, blanche… et bien sûr très hydratante.


     

    Pourquoi ce passage au congelo?

     

    Pour ne pas avoir à touiller trop longtemps. Je me suis rendue compte en préparant les précédents beurres qu'après passage au froid, le beurre prenait d'abord au fond du récipient, la partie la plus froide, car la base extérieure du bol est en contact direct avec le froid du congélo.

     

    Pourquoi de l'ester de sucre?

     

    J'en avais incorporé après avoir testé un essai de Mlk qui en renfermait et dont j'avais beaucoup apprécié la consistance légèrement gélifiée malgré 5% de P3R. Voir ici. Je pense que cela allége la texture, -enfin je le suppose- ce qui m'intéresse dans la mesure où je tiens à garder 3% de P3R, en raison de sa puissance hydratante. Je désirerai aussi pouvoir mettre l'accent sur de bonnes huiles sans ajouter trop d'autres ingrédients.

     

    Les récents essais de Michèle avec deux vraies crèmes au P3R ici

     


     



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  •  

    Je ne remercierai jamais assez Colchique pour ses expérimentations tétues autour des ingrédients qu'elle apprécie. C'est grâce à une formule de son blog qui a fait tilt dans mes méninges que j'ai pu réaliser ces beurres surprenants. Premiers essais d'une future série… 

     

    Menant une vie un peu plus mouvementée depuis quelques mois, j'ai bien moins eu le temps de lire mes blogs favoris. Je suis donc tombée un peu par hasard sur une formule que Colchique avait publiée début février. C'est une crème pour les cheveux avec du P3R, ici. Il se trouve que je me bats avec cet émulsifiant hors pair mais complexe depuis deux ans. C'est le meilleur que je connaisse pour avoir des crèmes visage ultra-hydratantes. Le souci:  j'obtiens une texture un peu liquide. Elle donne un effet "ripolin" à l'application avant d'être très vite absorbée. J'en fais souvent en variant un peu les formules. Je ne poste pas car au final il n'y a pas de gros changements de texture par rapport aux recettes déjà publiées.

     

    Quand j'ai découvert la photo de la crème de Colchique, j'en suis restée baba: elle ressemblait vraiment à une crème. Puis quand j'ai lu la formule, j'ai trouvé Colchique bien aventureuse dans sa formulation avec une phase huileuse très importante, ce qui ne correspond pas aux recommandations du fournisseur. Les recettes au P3R (Polyglyceryl-3 Polyricinoleate)  devraient, dans leur formulation optimale, comporter une phase aqueuse élevée, de 70 à 85%, avec adjonction de stabilisateurs. Ce qui ne sera pas le cas ici.

     

    Je me permets de poster la recette de Colchique pour pouvoir expliquer la suite plus facilement:

     

     

    La crème fouettée beurrée de Colchique

     

    Phase aqueuse

    33,5 eau de source

    2 % complexe hydratant NPP

    spiruline en poudre


     Phase huileuse

    30 % beurre de karité brut du Burkina Faso

    30 % graisse de vison

    1,5 % lanoline

    1,5 % P3R (polyglycéryl-3 Ricinoléate)

    0,5 % vitamine E


     A rajouter juste avant l’émulsion

     0,5 % phénoxyéthanol

    0,5 % huile essentielle de menthe


     

    Il y a donc comme émulsifiant :1,5% de P3R.

    plus 1,5% de lanoline qui joue le rôle d'un co-émulsifiant.

     

    J'avais posté un commentaire chez Colchique pour connaitre la consistance de la graisse de vison que je souhaitais remplacer. Avant même sa réponse, j'ai composé ma formule, supposant que cette graisse était plutôt épaisse -ce qui, semble t il, n'est pas le cas-.

    J'ai conservé les 30% de karité, et complété avec du chocolat blanc (au matcha) qui apporte beaucoup de rondeur dans les recettes -essais déjà publiés ici, ici ou ici-; plus un soupçon d'huile de coco comme huile solide et du coco fract pour le glissant.

     

    En phase aqueuse, un seul ingrédient : du Dynasil, un silicium que l'on m'a donné, déjà conservé et boosté avec acide hyaluronique et collagène, (il renferme un hydrolisat de cartilage de raie,  ça sent un peu le poisson quand même… ) qui se suffit à lui tout seul.

     

    Yavaipluka.

     

    Premier essai avec 0,5% de lysolecithine (sur 100g)

     

    P1000068.jpg

    Avec la lysolecithine. La couleur est un peu plus verte que sur la photo; c'est le chocolat au matcha qui a donné le ton

     

    Beurre corporel du soir

     

    30 karité du Sénégal

    11 chocolat blanc au matcha (La petite fabrique)

    4 huile de coco vierge des Philippines

    15 coco fract à l’encens d'Oman

    2P3R

    1 vit E

     

     35 silicium Dynasil

    5gtes elixir calling all angels

    4gtes élixir achuma

     

    2 HE

    30gtes lavande (puressentiels)

    15 gtes néroli

    15 gtes encens sacré (heliotropia)

     

     ajouté 0,5 lysolecithine


     

    P1000071.jpgAvec le talc HLC. Les deux beurres ont à peu près la même couleur; c 'est l'éclairage qui diffère

     

    Deuxième essai (sur 50g) :


    Beurre anti-stress


    15g karité Sénégal

    5 chocolat blanc /matcha

    2 huile de coco vierge des Philippines

    7 macérat coco fract/yuzu

    1 vit E

    1 talc HLC Biowell (stabilise les émulsions)

    1P3R

     

    17 silicium Dynasil

    3gtes elixir callig all angels


     1% HE

    10 gtes marjolaine à coquille (Sanoflore)

    5 gtes verveine citronnée (Bleu provence)

    9 gtes petit grain oranger sauvage (Astérale)

    6 gtes petit grain bigarade

     


     

    J'ai fait fondre la phase huileuse très doucement, puis incorporé au fouet magique le silicium. S'il n'y a pas eu de souci pour l'apparition de l'émulsion, elle est restée désespérement plate…

    Je fouettais, rien de se passait, toujours aussi liquide avec cet aspect glissant spécifique au P3R.

    Je desespérais. J'ai alors décidé d'agir comme pour une chantilly de karité en mettant le saladier en inox au froid quelques minutes puis en fouettant, plus énergiquement, au fouet à capuccino. J'ai vu l'émulsion gonfler et s'épaissir … un peu. J'ai réitéré le passage au froid, fouettage. Ça épaississait mais restait liquide. Néanmoins, le fonds du récipient apparaissait quand je tournais à la spatule comme lorsqu'on fait une crème patissière.

     

    J'ai décidé d'ajouter lors du premier essai un soupçon de lysolecithine comme co-émulsifiant. J'ai fouetté, ça n'a pas changé grand chose. Je suis alors partie gamberger et me pencher sur mes autres ingrédients… 5mn après, pas plus, j'étais de retour près de la récalcitrante. A mon étonnement ravi, le liquide était devenu une crème épaisse. j'ai vite mis en pots. Aujourd'hui, le résultat a la consistance d'un beurre.

     

    Pour le deuxième essai, j'ai remplacé la lysolécithine par un talc spécial enrobé lui aussi de lécithine (un cadeau de Mlk fan des produits de Biowell) qui participe à une meilleure tenue des émulsions.

     Process identique, … même évolution. Deux passages au froid, fouettage au fouet à capuccino… attente un peu impatiente… et même résultat au final: une crème épaisse devenue beurre au fil des heures.

    Il était trop tard pour tenter un troisième essai sans aucun co-émulsifiant…

     

    Je recommencerai sans aucun doute, peut être avec un peu moins de Dynasil car c'est un produit très concentré.

     

     

    Mille mercis Colchique…  je n'ai pas fini de tester d'autres formules.


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  •  

    Certaines rizières de la région de Banaue sont classées au patrimoine mondial de l'Unesco, mais il y a d'autres rizières de montagne dans la région, notamment autour de Bontoc, point de chute un peu moins touristique.


     

    pont-suspendu-bontoc.jpgPont suspendu au-dessus de la Chico, à Bontoc

     

     Séparée en deux quartiers par la rivivère Chico, Bontoc a une allure un peu hétéroclite. Ses rizières sont vraiment dans la ville. On peut faire de nombreux trecks ou tout simplement des balades (moitié voiture-moitié marche) tout autour.  


     

    P1010545-apres-le-pont-bontoc.jpgBontoc. Retour des rizières avec des bottes de paille de riz

     

    Et d'abord à Sagada, village assez mignon, point de chute babacool niché dans une pinède, ce qui lui donne un petit air alpin.



    au-dessus-de-sagada--rizieres.jpgVue sur les rizières en montant au dessus de Sagada

     

    Certaines ethnies de la région auraient des ancètres venus des Célèbes. C'est le cas des Igorots de Sagada. De nombreux rites y sont associés aux funérailles. Les morts sont enterrés de plusieurs manières (comme à Rantepao aux Célèbes, mais de façon moins spectaculaire). A Sagada, les cercueils sont parfois placés dans des grottes, parfois perchés en hauteur à flanc des rochers karstiques.

     

    P1010595-sagada-cercueil.jpgGrotte de Lumiang, cercueil au couvercle sculpté de lézards, l'un des emblèmes des Igorot. Beaucoup de sépultures ont été profanées par des touristes.


    La coutume perdure, mais les cérémonies coûtent très cher car il faut abattre cochons et  buffles à cette occasion pour respecter la tradition.


     

    P1010599.jpgOn aperçoit les cercueils suspendus  ( hanging coffins) au milieu de la photo (faite sans zoom… )

     

    Notre guide disait en plaisantant que, par économie, mieux valait se faire enterrer allongé plutôt qu'assis, c'est à dire à l'ancienne … ce qui nécessite des sacrifices animaux onéreux.

     


     

    P1010610.jpg

      les petits murets de Maligcong…

     

    Nous avons visité les rizières de Maligcong en empruntant les petits chemins cimentés en lisière des champs (aie aie aie, le vertige… même si ce n'était pas si haut que ça… ) pour aller jusqu'à l'école, située à mi-chemin entre les deux extrémités du village.

     

    P1010616.jpgLa première partie des rizières de Maligkong. Il y en a autant après l'école. La route depuis Bontoc s'arrète au fond à gauche.

     

    P1010619.jpg

     

    Tous les enfants apprennent l'anglais, héritage de la colonisation américaine. 


    P1010620.jpg

    L'une des classes de Maligcong, nous avons écrit nos noms à la craie au tableau

     

    Nous sommes également allés au village de Mainit par une route parfois cahoteuse mais avec des vues magnifiques.


     

    P1010629-mainit.jpg

    Les toits de tole de Mainit. De près, le village fait beaucoup plus déglingué…

     

     

    Mainit est installé sur des sources chaudes nées d'un ancien volcan. Elle se déplacent d'une année à l'autre et font irruption dans le village où elles veulent.

     

    P1010635-mainit-vapeurs.jpg

    Les vapeurs chaudes

     

    Notre jeune guide s'est amusé à cuire des œufs dans les eaux bouillantes. Le village semble démuni et peu entretenu. Il y avait pas mal de porcheries, avec cochons roses et cochons noirs, les premiers pour la table, les seconds pour les rituels d'après ce que j'ai pu comprendre.

     

    P1010640.jpgMainit. La coiffure traditionnelle entrelace des perles et un serre tête en vertèbres de serpent (censées éloigner la foudre) . Je n'en ai vu que très peu, toujours portées par des femmes âgées.

     


    Liens

     

    ici le blog d'un Igorot vivant aux Etats-Unis et qui évoque souvent Sagada et ses racines


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  • Elles dégringolent le long des pentes, renvoient le ciel dans leur eau et font peiner ceux qui les sculptent au jour le jour.

     

    P1010667.jpgsur la route avant d'arriver à Banaue

     

     

     

    En 1995, l'Unesco a classé au patrimoine mondial cinq rizières (Batad et Bangaan à Banaue, Mayuyao, Hapao à Hungduan, Nagacadan à Kiangan) des peuples Ifugao, dans la cordillère de Luzon au nord de Manille. Il y a de quoi. Elles sont d'une beauté époustouflante.

     

    P1010697.jpgPlus faciles d'accès, les rizières en fond de vallée restent encore très cultivées

     

    On répète à l'envie qu'elles auraient été créées il y a 2000 ans. Des études  récentes donnent 800 ans pour les plus anciennes, ce qui est déjà pas mal. Elles fascinent car elles incarnent aussi un travail collectif poursuivi de génération en génération, malgré les guerres, la colonisation occidentale… et des pentes impressionnantes.

     

    P1010721.jpgLes taches vertes correspondent aux plants prets à être repiqués

     

    On ne sait pas trop si les Ifugao sont descendants de populations chinoises ou d'ethnies philippines plus méridionales poussées vers le Nord lors de mouvements migratoires. (Je tire les informations de cet article de mes discussions sur place mais surtout de la thèse passionnante d'une anthropologue française, Aurélie Druguet, texte que l'on peut lire dans son intégralité sur le net ici).  En tout cas, les Ifugao à l'origine de ce merveilleux land art ont échappé à la colonisation espagnole, ils ne se sont retrouvés sous leur domination qu'en 1841. Ils ont la réputation d'avoir été de vrais chasseurs de têtes (on peut voir des photos spectaculaires, datant du début du XX°siècle avec des têtes trophées, au petit musée de Bontoc).

     

     

    Alors que les Philippines proclament leur indépendance en 1898, la même année, elles sont vendues par les Espagnols aux Américains pour 20 millions de dollars. Elles retrouveront leur indépendance en 1946. Un détachement militaire yankee débarque chez les Ifugao en 1901. Résultat: aujourd'hui on apprend encore l'anglais dès la maternelle. Des missionnaires belges s'installent en 1906. Même si certains rituels traditionnels subsistent encore, étroitement associés à la culture du riz, tout le monde ou presque est désormais chrétien dans le coin. En 1942, des troupes japonaises se réfugient dans la Cordillère, elles se rendront en 1945. Conséquence actuelle: la présence de nombreuses ONG nippones dans la région et pas mal de Japonais en visite.

     

    P1010739.jpgLes forets d'altitude fournissent aussi du bois pour les sculpteurs, qui proposent leurs créations dans les boutiques touristiques de Banaue


    Ce bref résumé historique pour situer la complexité des influences, sans oublier l'afflux des touristes… surtout entre novembre et mars en raison du climat (sinon, trop chaud ou trop de typhons… ), juste au moment où le travail aux champs est le plus intense. Ce qui pose problème, comme le souligne l'anthropologue, car s'occuper des touristes rapporte plus vite que peiner dans les rizières, mais ralentit ou retarde leur entretien.

    C'est en effet un boulot impressionnant. 

     

    P1010726.jpgLa boue nourricière est répartie sur toute la parcelle

     

    Les fameuses terrasses sont d'une construction complexe, avec des sous couches de graviers, de pierres, d'argile etc. Elles sont étayées de murs de pierre (ou d'argile) qui peuvent aller jusqu'à 6m de haut. Aujourd'hui, leur rebord est parfois cimenté, ce qui permet aux enfants de ne pas trop galérer pour aller à l'école car c'est le chemin à emprunter pour circuler autour des villages (quand on a le vertige, ce n'est pas évident, je dois l'avouer ). 20% de ces murs sont à restaurer chaque année (encore plus s'ils sont en argile…). Il y a toujours de l'eau en circulation pour limiter les risques d'effondrement lors des sécheresses.

     

    P1010705Reflets du ciel dans les rizières

     

    Ces rizières aux parcelles parfois très étroites sont desservies par un incroyable système d'irrigation géré collectivement et nourri d'eaux captées plus en amont. Elles viennent notamment des forêts privées qui poussent sur les hauteurs, les muyung, appartenant symboliquement aux ancêtres.

    Les ifugao fonctionnent en clans, fondés sur la filiation. On apprenait aux enfants la généalogie de leur famille, pratique qui disparait aujourd'hui. Comme s'effiloche peu à peu le travail coopératif basé sur la réciprocité. Même si le cadre est somptueux, en observant le travail harassant, on comprend  sa désaffection. 


    Certaines parcelles sont transformées en potagers (les légumes sont excellents, on est en altitude, Banaue est à 1100m), on y attrape aussi du poisson mais la grande affaire reste le riz bien sûr. Peu de familles arrivent à s'auto-suffire, il faut en effet près de 118kg/personne/an. La patate douce nourrit aussi son homme, elle pousse bien, mais plat du pauvre, elle est déconsidérée. J'ai en vain cherché à en manger au restaurant. Introuvable. Impossible aussi de goûter au riz local, baptisé tinawon. C'est une variété  japonaise, dodue et aromatique, qui ne donne qu'une récolte par an. Depuis les années soixante dix, le gouvernement a privilégié l'introduction d'espèces plus productives, mais qui nécessitent plus d'engrais et de pesticides. Cette diversification a désynchonisé le calendrier des récoltes. Tout n'est plus planté en même temps, et les rongeurs se précipitent sur les plantules les plus précoces. Depuis 2008, une ONG américaine commercialise aux Etats Unis du tinawon des Ifugao. Ce qui redore son blason sur place … mais ne signifie pas qu'on puisse vraiment en trouver sur le marché ou dans les boutiques à Banaue, pourtant l'épicentre commercial de la zone ifugao. 

     

    P1010695.jpgL'envers du décor de Banaue la touristique

     

    J'ai visité les rizières en février, au moment du repiquage. Je suis notamment allée à Bangaan, village moins fréquenté que Batad, détaillé dans tous les guides et les forum. 

     

    P1010716.jpg

    Bangaan en contrebas

     

     

    Après une heure de route un tantinet cahotique mais offrant des vues splendides, il faut  descendre un long escalier (on passe devant l'école, à mi-pente) avant de trottiner en rebord de rizière (marche plus facile qu'ailleurs, car il y a presque partout des rambardes) et d'arriver en fond de vallée au village, qui apparaît comme une île dans le paysage.

     

    P1010731.jpgLes petites maisons sur pilotis de Bangaan

     

    J'ai visité d'autres rizières près de Bontoc, à une cinquantaine de kilomètres au nord de Banaue. Les Bontoc seraient des descendants de peuples venus des Célèbes. J'en parlerai prochainement.


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