• Valerie Cupillard et Marie Rouanet: éloges… et pois chiches

    L'image “http://mamidoo.free.fr/html/gifs/objets/bureau/book_wings_md_wht.gif” ne peut être affichée car elle contient des erreurs.Ça peut paraître incongru de rapprocher ces deux méridionales: Valérie Cupillard, cuisinière douée, adepte du bio, mais aussi du sans gluten, sans lait, sans œufs…  et Marie Rouanet écrivain au style somptueux, virtuose des fourneaux elle aussi, mais pas végétarienne pour un sou, elle qui célébrant la chair, affronte de face la cruauté des lois naturelles où le plus fort dévore le plus faible sans état d'âme.

    C'est la découverte quasi simultanée du blog tout frais tout neuf de Valérie Cupillard et d'un nouveau  livre (Luxueuse austérité, à paraître fin août chez Albin Michel) de Marie Rouanet qui a fait tilt. Empruntant des chemins divergents, -on pourrait même parler de grand écart- toutes deux pourtant  célèbrent la vie à travers une vision assez proche du quotidien. Vision fondée sur une expérience sans esbrouffe, un regard minutieux porté aux choses, une inventivité et un minimalisme élégants.
    Je ne peux pas bien sûr, par respect des dates de publication, aborder en détail le nouveau titre de Marie Rouanet. Mais je peux parler des autres, et de l'infini plaisir de lecture qu'ils suscitent.

    L'image “http://perso.orange.fr/safran2b/Imini-gif7/lapin21.gif” ne peut être affichée car elle contient des erreurs.* Marie Rouanet (voir ici une interview très récente) a commencé à être connue (hors de l'Occitanie) à plus de cinquante ans avec un bouquin formidable: Nous les filles, (Payot, 1990) où elle évoque avec une précision hyperréaliste son enfance à Béziers. Jeux de gamine, repas ingénieux, avec peu ou pas grand chose, fignolés par une mère pas très riche mais inventive, détestation obligée du gaspillage… A mon avis, c'est la plus belle leçon de simplicité (in)volontaire que l'on puisse lire. Marie Rouanet, qui chante aussi en occitan, -son mari est le poète Yves Rouquette-, poursuit d'un texte à l'autre la description d'un univers souvent dépouillé comme une cellule de moine mais toujours incroyablement vibrant et charnel, où la vie palpite sous chaque mot… et, pour mon bonheur, elle a également publié "deux" livres de "cuisine" (je dirais plutôt un).
    Le premier est probablement difficile à trouver, il a été publié chez un éditeur régional…  Ne pas désespérer. Le suivant, que l'on trouve en poche, en reprend tous les textes sans le dire. Ruse d'éditeur je suppose.
    Dans La cuisine amoureuse courtoise et occitane (ed. Loubatières, 1990), comme dans Petit traité romanesque de cuisine (J'ai lu n° 7159) elle déroule mois par mois recettes mais surtout description fulgurante de légumes, fruits, poissons, gibier (végétariennes, ne fuyez pas, c'est magnifique)

    Nous sommes en juillet. Je prendrai une rubrique de juillet pour offrir sa suggestion aux jardinières: «si vous avez un jardin, amusez-vous à greffer un pied de tomate sur un plant de pomme de terre. Vous aurez la surprise d'une double récolte: sous terre, les tubercules;en l'air, la pomme d'amour».

    Dans son prologue:
    «Attendre, savoir se réjouir d'attendre, n'est pas forcément un exploit ascétique: il suffit de laisser faire le rythme des saisons, le ciel et sa respiration, la maturation naturelle, il suffit de laisser faire le temps; il va offrir chair, légumes et végétaux sans forcer le soleil et la terre.
    Cuisine courtoise d'été: dehors, c'est le grand midi de feu. A l'abri de quelque feuillage, treille, tilleul ou cèdre qui laisse passer l'air, filtre la chaleur et la lumière mais laisse percevoir par delà l'abri, assez pour en éprouver l'excès et jouir doublement de l'ombre, on mangera quelque anchoïade de jeunes légumes ou la crêpe de farine de pois chiches, brûlante et poivrée».

    Dans le Petit traité, figure aussi, à la fin, un petit bonus de 70 p. , "exquis régime", où elle propose des recettes de "règime" à sa façon, dont, pour clore, celle de la purée de pois chiches.
    Longs extraits, pour le plaisir:
    «La veille on aura mis les graines à tremper dans de l'eau fortement bicarbonatée. Au matin, on rince les "petits culs" et on les fait cuire dans de l'eau simplement salée au gros sel d'Aigues-Mortes non raffiné. C'est tout (… ) Ce qui importe c'est d'avoir un pois chiche très cuit, à la limite du trop cuit. Egouttez, ajoutez ail cru, jus de citron, huile d'olive et mixez. Mettez ensuite des graines de coriandre pilées. Ce sont les ombelles de la plante séchée, battues, vannées et conservées au sec. Les bienfaits de la coriandre sont multiples: elle est stomachique, aphrodisiaque et facilite la mémoire.
    Vérifiez si la purée est assez salée, poivrée et coriandrée, car il faut tenir tête au citron et mettez au frais. Cela se sert sur du pain grillé tiède (… )
    Le crépuscule défait l'ardeur du jour. après l'arrosage, il fait presque frais. Lorsque la nuit est tout à fait close, nous montons vers les crêtes, nous nous asseyons dans l'herbe et nous nommons les étoiles».


    L'image “http://perso.orange.fr/safran2b/Imini-gif7/lapin21.gif” ne peut être affichée car elle contient des erreurs.*J'ai découvert Valérie Cupillard très récemment, avec son livre Cuisinez avec les huiles essentielles (La plage) dont j'ai déjà parlé dans mon blog. Une révélation. Je me plonge petit à petit dans ses autres livres où, avec des ingrédients simples, parfois peu connus quand on n'est pas une végétarienne pur sucre, elle propose une nouvelle approche des saveurs, sans jamais oublier la gourmandise.
    Les recettes sont faites pour mettre les produits à leur avantage sans les masquer sous un gloubi goulba décoratif. En ce moment, je potasse
    Sans lait ni œufs (de l'exotisme, … j'adore les œufs), et en particulier le chapitre "mayonnaises végétales" que je compte bientôt tester. Plus loin, Valérie Cupillard donne ausssi une recette de crêpes de pois chiches parfumée au cumin On n'est pas très loin de la coriandre de Marie Rouanet. Avec son nouveau blog, je me réjouis d'avoir de ses nouvelles culinaires au jour le jour.                                                                                     
    « idées anti-canicule: vive les hydrolats……boissons d'été: encore un peu de fraicheur… »

  • Commentaires

    1
    Mardi 1er Août 2006 à 01:02

    Bravo pour ce blog plein d’infos. Que de choses ! ! ! Des images de Grèce, un portail et la mer au milieu,  des gondoles et du bleu à Venise et des recettes, des conseils beauté… j’ai retenu l’astuce des hydrolats à vaporiser sur mon oreiller ! ! !

     


    2
    Mardi 1er Août 2006 à 09:50
    merci pour la balade commentée… sur ce blog
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    3
    Mardi 1er Août 2006 à 15:49
    Emportée par la lecture de ses voyages et des balades au milieu des plantes, j'ai failli oublier de remercier la princesse au petit pois pour son billet sur ma cuisine !!!
    4
    Mardi 1er Août 2006 à 20:56
    Je n'ai eu que du plaisir  à écrire sur deux créatrices inspirées du quotidien…
    5
    Lundi 21 Août 2006 à 22:39
    Merci pour votre visite commentée. Je ne cherche pas du tout  à faire l'éloge d'un animal tué. Je parlais de Marie Rouanet parce qu'elle décrit  splendidement la vie sous toutes ses formes. Et qu'elle défend une sobriété et un ascétisme rares dans nos temps de gaspillages -écologique ou pas- généralisés.
    6
    Mardi 5 Septembre 2006 à 09:04
    Comme souvent, on "connaît" des noms et des lieux sans les avoir jamais vraiment rencontrés, sûrement parce que l'heure du rendez-vous n'avait pas encore sonné... Merci venezia, pour m'avoir fait entrer dans ce tourbillon de mots, de sensations, d'odeurs... Le "Petit Traité..." n'a plus quitté mon chevet depuis 1 mois, je l'ouvre au hasard pour en savourer lentement quelques pages, et j'ai souvent du mal à le refermer, même si parfois sa force évocatrice est, comme tu le dis, sans fard et presque brutale. Je pars cet après-midi à la recherche de Luxueuse austérité (quel titre, encore une fois... et quelle vérité dans ces deux mots accolés). Bises, L.
    7
    Mardi 5 Septembre 2006 à 19:28
    Merci pour ce message Lunemalo, je suis heureuse que Marie Rouanet ait gagné une fan de plus. Elle le mérite. A mes yeux, elle possède une force évocatrice qu'avait  Colette et je la crois même plus précise encore dans ses observations.
    8
    Mercredi 6 Septembre 2006 à 00:34

    Ne se rejoignent-elles pas, justement, dans la sensualité au sens large, qui tisse des liens entre leurs deux plumes ? Dans un ton si personnel, qui ne se censure pas ? J'avoue que je connais mieux (pour l'instant) Colette, pour l'avoir lue et relue, et m'être émue chaque fois de sa langue, de son sens aigu du détail apparemment insignifiant, de l'art (car c'en est un) avec lequel elle observe, pointe, souligne... faisant naître au fond de son lecteur une émotion indicible.Quel panache, en tout cas, quelle humanité humble et superbe chez ces deux écrivains merveilleux !

    9
    Mercredi 6 Septembre 2006 à 21:17
    Je pense moi aussi que Colette écrit divinement bien, qu'elle est experte pour décrypter l'ambiguité des états d'âme… notamment féminins. C'est l'un de mes écrivains favoris, qui a le don de me remonter le moral, en plus… Mais il me semble que la faculté d'observation de Marie Rouanet  (pour ce qui est de la nature) est plus "véridique" que celle de Colette à la plume parfois trop éblouissante pour être 100% sincère si je puis dire. 
    10
    Jeudi 7 Septembre 2006 à 08:59
    Plus que d'accord sur la vertu parfois salvatrice, presque berçante, de l'écriture de Colette, et sur le plaisir toujours renouvelé à la lire. Je me suis souvent demandé s'il fallait être une femme, ou à tout le moins avoir une fibre féminine puissante, pour sentir dans toute sa puissance la finesse d'observation - parfois presque extra-lucide ! - qu'elle a portée au rang d'art ? Quant à Marie Rouanet, dont je découvre peu à peu le chant d'encre, elle m'a semblé effectivement moins portée sur l'introspection psychologique "classique" et plus sur le ressenti animal (dans ce que ce terme suppose de sensualité brute et joyeuse) ? Enfin, je te remercie encore de cette rencontre...
    11
    fr l
    Vendredi 15 Août 2014 à 22:46
    quel plaisir de lire ou d' entendre M rouanet ?bienque citadine elle a toujours eu un rapport terrien avec les choese et les gens (voir du coté des filles)
    12
    Praline
    Vendredi 15 Août 2014 à 22:46

    Bonjour,


    Très jolie site, je viens de découvrir aussi Valérie Cuppillard et j'aime beaucoup. Par contre moi qui suis végétarienne quasi végétalienne (miel) je suis obligée de dire que SI je me sauve pour Marie Rouanet car aucun mot, aucune poésie ne peut pour moi excuser ou rendre beau la souffrance d'un animal tuer.

    13
    MIMI ROSKO
    Vendredi 15 Août 2014 à 22:46
    COUCOU,

    Et pourquoi ne parlez-vous pas du ficus qui s'est refait une santé grâce à des pulvérisations judicieuses?
    MImi Rosko
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